Affaire des écoutes : Sarkozy sauvé pour 2017 malgré sa mise en examen ?

La justice a annulé lundi 9 mai plusieurs actes de l’enquête sur l’affaire des écoutes, celle qui menace le plus Nicolas Sarkozy. Sur le fond, cette décision ne change pas grand-chose. Mais elle écarte quasiment la perspective d’un procès avant la campagne pour 2017.

La décision est passée relativement inaperçue. Elle est pourtant décisive pour l’avenir politique de Nicolas Sarkozy. La cour d’appel de Paris a annulé ce lundi 9 mai plusieurs actes de l’enquête dans l’affaire dite « des écoutes », qui vaut à Nicolas Sarkozy d’être mis en examen pour corruption et trafic d’influence. Les juges ont notamment annulé des convocations et des auditions de l’ancien chef de l’Etat et de son avocat Thierry Herzog, qui remontent à octobre et novembre 2015.

A ce moment-là, les deux hommes n’avaient pas voulu répondre aux questions des juges d’instruction. Dans cette enquête, ils n’ont donc finalement été interrogés qu’en garde à vue, par les policiers et non par les juges. Suffisant, aux yeux de leurs avocats, pour réclamer une réouverture de l’enquête, alors que celle-ci était close depuis le 22 mars. « Il faut refaire ces actes », a ainsi réclamé lundi l’une d’entre eux, Me Jacqueline Laffont.

Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog devraient donc être à nouveau convoqués, ce qui permet à l’ancien président de gagner du temps. Ce nouveau rebondissement écarte-t-il toute menace d’un procès de Nicolas Sarkozy avant 2017 ? « Mécaniquement, oui », assure l’un de ses proches, qui voit dans cet arrêt de la cour d’appel un « désaveu infligé à la procédure ».

De multiples recours pour contester la procédure

Le patron du parti Les Républicains, lui, se garde bien de tout triomphalisme malgré cette première bonne nouvelle depuis bien longtemps sur le terrain judiciaire. « La force de cette décision est suffisante à mes yeux », a simplement commenté Nicolas Sarkozy en marge d’un déplacement lundi, selon Le Parisien.

Dans cette affaire des écoutes, Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir tenté d’obtenir de Gilbert Azibert, alors magistrat à la Cour de cassation, des informations confidentielles sur la validation de la saisie de ses agendas dans l’affaire Bettencourt. Pour contourner les écoutes téléphoniques, son avocat Thierry Herzog lui avait ouvert une ligne au faux nom de Paul Bismuth – qui avait tout de même été placée sous écoute. C’est ainsi que l’ex de l’Elysée avait été mis en examen en juillet 2014.

Sur le fond, cette décision ne change pas grand-chose. Sur la forme, elle dégage le calendrier de Sarkozy.

Parmi les (nombreux) déboires judiciaires de Nicolas Sarkozy, cette affaire est incontestablement celle qui menace le plus son avenir politique. D’où les multiples recours engagés par ses avocats pour contester la procédure. Jusqu’ici, ils étaient tombés sur un os. Le 22 mars, la Cour de cassation a validé la légalité de la quasi-totalité des écoutes elles-mêmes – contestées par Nicolas Sarkozy parce qu’elles concernaient initialement une autre affaire. Un coup dur pour l’ancien président. « C’est un scandale. Même en Corée du Nord, on n’ose pas faire des trucs pareils », tempêtait alors l’un de ses fidèles, Brice Hortefeux.

Dès lors, plus rien ne semblait s’opposer à un renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy. Jusqu’aux annulations prononcées ce lundi par la cour d’appel, conséquence de la guérilla judiciaire menée par le camp Sarkozy. Sur le fond, cette décision ne change pas grand-chose. Sur la forme, elle dégage le calendrier de Nicolas Sarkozy, qui prépare minutieusement sa candidature à la primaire de la droite. Même si, au vu des sondages, les électeurs seront sans doute aussi difficiles à convaincre que les juges.

 

 

 

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