Le secrétaire départemental du Front National dans le Var, Frédéric Boccaletti, vient de relancer la machine anti-immigration du Front National. Dans un post Facebook publié jeudi 5 mai, il juge que les migrants font preuve d’une « lâcheté honteuse » et d’un « égoïsme exacerbé » pour avoir fui leur pays en guerre, sans combattre, et en y laissant femmes et enfants. Des propos assumés, que l’on a déjà pu trouver dans la bouche de Nadine Morano en août 2015, repris par la suite par le FN…
Frédéric Boccaletti l’assure, « ce n’est pas un dérapage« . Il « assume totalement » ses propos. Le secrétaire départemental du Front national du Var, membre du comité central du parti et ancien directeur de campagne de Marion Maréchal-Le Pen lors des dernières régionales, a publié mercredi 5 mai un message Facebook – depuis supprimé par le réseau – intitulé « Faux réfugiés, vraie lâcheté … ».
D’entrée, il reprend la rhétorique chère au FN en expliquant qu’il ne faut pas parler de réfugié ou de migrant, des termes « galvaudés« , mais bien « d’immigrés clandestins« . Des hommes « que beaucoup de médias présentent avec complaisance comme des victimes, voire des héros » et qui « sont animés d’un égoïsme exacerbé doublé d’une lâcheté honteuse« . Nous y voilà. « Qui d’autres peut quitter son pays en guerre en abandonnant parents, femmes et enfants ? » poursuit-il. Inévitablement, la référence à la Seconde guerre mondiale tombe comme un couperet. « Heureusement pour nous, nos anciens de 39/45 ont fait le choix de combattre la haine plutôt que de fuir !« .
Nadine Morano et Marine Le Pen avant lui…
La comparaison n’a malheureusement rien de nouveau. C’est en août dernier qu’elle est faite pour la première fois. Sur Europe 1, Nadine Morano, eurodéputée Les Républicains, explique pourquoi, selon elle, ces migrants fuyant leur pays en guerre et cherchant le droit d’asile feraient mieux d’y rester, pour se battre. Pour justifier ces propos et les légitimer, Nadine Morano en vient au point « 39-45 » :
« Et puis je vais vous dire hein, on dit « ils quittent leur pays, ils fuient la guerre ». Heureusement qu’on n’a pas fait pareil, nous, en 39-45 ou en 14 ! On a tous des aïeux qui reposent dans la terre de France qui se sont battus pour la liberté et pour sauver la France. Alors moi je dis qu’il faudrait aussi que ces personnes, plutôt que de fuir, car ce n’est pas la solution, se battent pour leur pays et qu’on les accompagne dans ce combat ! Il faut leur permettre de rester chez eux !«
Un mois plus tard, en septembre 2015, c’est la présidente du Front National qui reprend la référence à la Seconde guerre mondiale pour servir ses idées anti-immigration :
« Chacun a de bonnes raisons de fuir la guerre mais il y en a aussi qui combattent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y avait sûrement énormément de Français, croyez-moi, qui avaient de bonnes raisons de fuir les Allemands et pourtant ils sont allés se battre contre les Allemands »
Et d’ajouter, bravache : »Si j’étais habitante d’un pays en guerre, je pense que comme beaucoup de Syriens d’ailleurs le font contre l’Etat Islamique, je me battrais. Je me battrais contre ceux qui sont en train de détruire mon pays, je me battrais contre ceux qui sont en train de semer le chaos, le meurtre de masse et les tortures. Je ne partirais pas dans un autre pays « . Frédéric Boccaletti rentre donc ici dans leur droite lignée.
Il avait d’ailleurs été rappelé à l’époque de cette première polémique à quel point la comparaison n’avait pas lieu d’être. Selon l’historien Jean-Pierre Azéma, 8 à 10 millions de Français – soit un quart de la population de l’époque – ont fui la moitié nord de la France devant l’avancée nazie en mai-juin 1940. Si les frontières n’ont pas toujours été traversées, il s’agissait bien de fuir la zone occupée pour chercher la sécurité dans la zone libre. Ces Français étaient appelés les « exodiens » en référence à cette période aussi connue sous le nom de « l’exode de 1940 ».
Par ailleurs, Frédéric Boccaletti qualifie les migrants de « lâches« , en référence à un dossier de Var Matin dans lequel des migrants évoquent leur famille, laissées dans le pays en guerre. Des migrants « lâches » qui, dans sa bouche, abandonneraient femmes et enfants en pleine guerre civile pendant qu’eux nagent vers l’asile. Des propos qui méritent là encore une mise au point : si avant janvier 2016, les données de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés indiquaient que 72% des personnes arrivées en Europe par la mer de janvier à septembre 2015 étaient des hommes, 13% des femmes et 15% des enfants, la tendance a depuis changé. Selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU, les migrants qui franchissent désormais les frontières européennes sont à 55% des femmes et des enfants.
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