Contraception et avortement : mini-psychodrame au Front national

Au rassemblement du FN le 1er mai, l’élue Sophie Montel a défendu dans un discours « la sanctuarisation de la contraception et la non-remise en cause de l’avortement ». Une attaque en règle des positions conservatrices de Marion Maréchal-Le Pen, qui a fait bondir la frange anti-IVG du parti sur les réseaux sociaux.

Ce n’est qu’un passage de discours, mais il provoque un petit psychodrame au Front national depuis quelques jours. Dimanche 1er mai, à l’occasion du « banquet patriote » organisé par le FN à Paris, l’eurodéputée Sophie Montel, qui préside aussi le groupe frontiste au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, a prononcé un discours d’une dizaine de minutes – comme tous les autres patrons des groupes FN dans les régions. Une intervention centrée sur « le droit des femmes », où il est notamment question des agressions de Cologne et de l’islamisme. Avant ce vibrant plaidoyer de Sophie Montel pour le droit à la contraception et à l’avortement :

« Nous ne faisons pas du vieux conservatisme en reprenant à notre compte des combats d’arrière-garde. Nous sublimons la femme, nous défendons la libre disposition de son corps qui passe naturellement par la sanctuarisation de la contraception et la non-remise en cause de l’avortement. Oui, mes amis, le Front national défend le droit de la femme à disposer de son corps. »

« Tu as raison, Sophie »

Des propos applaudis par une partie de la salle… mais sifflés par une autre partie, selon un journaliste de La Croix. Le passage résonne comme une attaque en règle des positions beaucoup plus conservatrices de Marion Maréchal-Le Pen sur le sujet. La députée du Vaucluse, en guerre contre une supposée « banalisation de l’avortement », avait déclaré en novembre lors de sa campagne régionale qu’elle supprimerait les subventions de la région Paca au planning familial – provoquant l’embarras de sa tante Marine Le Pen. Dans son propre discours dimanche, la patronne du FN donne quitus à Sophie Montel. « Tu as raison, Sophie », lance-t-elle à la tribune lorsqu’elle estime à son tour que « le droit des femmes françaises régresse ».

Le discours de Sophie Montel est rapidement la cible d’attaques sur les réseaux sociaux, dont le blog le Salon beige, très couru des catholiques traditionnalistes, se fait le réceptacle en dénonçant « des propos scandaleux ». Et les critiques ne sont pas uniquement le fait de simples militants. Pascal Gannat, président du groupe FN au conseil régional des Pays de la Loire et secrétaire départemental du parti dans la Sarthe, publie mercredi sur sa page Facebook une « réponse à Sophie Montel ». Il relaie en fait une interview d’Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, qui estime qu’« on gagnerait à avoir comme objectif une baisse du nombre d’avortements ». « Il vaut mieux en effet aider des femmes françaises à avoir des enfants qu’importer de la natalité immigrée, migrante ou réfugiée », ajoute Pascal Gannat. Le SIEL, petit parti satellite du FN, se démarque lui aussi du discours de Sophie Montel en affirmant par la voix de son vice-président qu’il est « urgent d’offrir des alternatives à l’avortement ».

« Opinion personnelle » ou « position de Marine Le Pen » ?

Pas de quoi démonter l’eurodéputée, qui persiste et signe dans une interview à Causeur mercredi. Sophie Montel estime qu’elle ne fait que relayer la position de Marine Le Pen. « Il n’y a rien de neuf sous le soleil : pour le FN, il n’est pas question de revenir sur la pilule telle que la propose la loi Neuwirth de 1967, ni bien évidemment sur la loi Veil », déclare-t-elle. En ajoutant toutefois : « Cela ne signifie pas pour autant que nous voulons promouvoir l’avortement. Simplement, le droit à l’IVG et à la pilule sont des acquis que les femmes ont obtenus au même titre que le droit de vote. »

« C’est une opinion personnelle de Sophie Montel », affirme le secrétaire général du FN, Nicolas Bay

Interrogé par le site identitaire Boulevard Voltaire, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, tente d’éteindre l’incendie auprès du public anti-IVG. « C’est une opinion personnelle de Sophie Montel », affirme le numéro trois du FN, qui ajoute : « Le Front national sur ce sujet-là dit la chose suivante : nous ne souhaitons pas remettre en cause la possibilité d’accéder à l’avortement. En revanche, nous voulons que les femmes aient réellement le choix. »

Une « opinion personnelle » ? Ce n’est pas forcément l’avis de Florian Philippot. Interrogé ce jeudi par Marianne, le vice-président du FN et bras droit de Marine Le Pen assure que « la non-remise en cause du droit à l’avortement est sans ambiguïté possible la position du FN et de Marine Le Pen ». Difficile à suivre… Au demeurant, pour Florian Philippot, « Sophie Montel a fait un beau discours sur la liberté des femmes, dont le statut est mis à mal par l’islamisme radical et la précarité sociale ». Un « beau discours » que n’ont pas goûté les tenants de la ligne Maréchal-Le Pen. Et qui illustre une nouvelle fois les fractures internes du FN sur les questions de société, à un moins d’un an de la présidentielle.

 

 

  Retrouvez Marianne sur notre appli et sur les réseaux sociaux :

Marianne sur App Store   Marianne sur Google Play

Marianne sur Facebook   Marianne sur Twitter   Marianne sur Instagram

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply