Rocard, Hamon, de Haas… ils veulent remettre la réduction du temps de travail sur la table

Le mensuel « Alternatives Economiques » publie, dans son édition à paraître ce 5 mai, un grand dossier intitulé « Pourquoi il faut réduire le temps de travail ». Un débat auquel s’associent 150 personnalités dont l’ancien Premier ministre Michel Rocard, le député Benoît Hamon ou la féministe Caroline de Haas.

Alors qu’à l’Assemblée nationale a débuté l’examen de la loi Travail, le mensuel Alternatives Economiques consacre, dans son édition du 5 mai, un grand dossier sur la réduction du temps de travail. « Pourquoi il faut réduire le temps de travail », interpelle le magazine économique. A l’appui, un manifeste pour que s’ouvre le débat sur la réduction du temps de travail signé par 150 responsables politiques, syndicalistes, économistes et intellectuels. Pêle-mêle, on retrouve dans la liste des signataires l’ancien Premier ministre Michel Rocard, le député Pouria Amirshahi (qui a récemment quitté le PS), Clémentine Autain d’Ensemble, l’ancien ministre de l’Environnement écologiste Yves Cochet, le député Benoît Hamon ou encore la féministe Caroline de Haas. Ils écrivent :

« L’activité a certes repris depuis 2015 et elle pourrait accélérer encore un peu avec des politiques économiques plus dynamiques en Europe. Mais avec la crise écologique qui s’aggrave, les perspectives de croissance sont limitées et le resteront. De plus, la révolution numérique et la robotisation pourraient bien, elles aussi, menacer de nombreux emplois. Il n’y a donc quasiment aucune chance que l’évolution spontanée de l’économie permette de faire reculer le chômage à un rythme suffisant pour éviter les risques d’explosion auxquels la société française est confrontée aujourd’hui. »

Tout en reconnaissant « la difficulté de l’exercice tant en termes de financement que d’organisation des entreprises », Alter éco estime que la solution doit passer par le « travailler moins pour travailler tous et mieux« . Pour les auteurs, il serait urgent d’ouvrir ce débat : « il en va de l’avenir de notre démocratie et de notre modèle social. »

Denys Robiliard, député socialiste classé frondeur (paradoxalement il fût l’un des rapporteurs de la loi Macron) est l’un des signataires du manifeste. « Nous sommes en train d’assister à des évolutions technologiques, que ce soit avec l’imprimante 3D ou les logiciels de reconnaissance vocale, qui pourraient faire disparaître des professions entières. De nombreux économistes ont fait ce constat », estime-t-il. Ce qui ouvre la voie à deux chemins possibles : « Soit on part sur l’idée de revenu universel en considérant que c’est le revenu qui compte plus que le travail, soit on ouvre une réflexion sur le temps de travail. Je préfère me battre pour le droit au travail. Je considère que le travail est l’un des modes d’insertion de la société ». 

Et de rappeler que le passage aux 35 heures, « même s’il y a eu des impensés comme dans la fonction publique », avait permis de créer « 300 000 emplois. On n’avait jamais eu une telle baisse du chômage. Ce n’est pas rien ». Mais à un an de la présidentielle, l’élu est clairvoyant : « Plus qu’un chantier, c’est un débat qu’il faut ouvrir. Ca pourrait être une question pour la future campagne présidentielle », avance-t-il. 

Réimposer les thématiques sociales pour fragiliser Hollande

Justement, si Denys Robiliard se défend d’en être, on retrouve parmi les signataires un bon nombre d’opposants à la politique de François Hollande. Un dossier qui tombe à pic ! A l’Assemblée nationale, Benoît Hamon, a d’ailleurs évoqué cet axe pour s’attaquer au projet de réforme du code du travail : « Ce texte de loi va conduire à un allongement de la durée du travail en France. Je souhaite que la ministre nous dise quels bénéfices attend-t-elle pour les Français, pour l’économie française et pour le chômage à l’allongement de la durée du travail. » 

 

Quels bénéfices les Français retirent-ils de l’allongement de la durée du travai – https://t.co/yoZkVXtY10 # via @Dailymotion

— Benoît Hamon (@benoithamon) 4 mai 2016

Depuis que la primaire des gauches et des écologistes tourne dans le vide, les déçus du hollandisme cherchent une porte de sortie. Après l’Appel des cent qui se donne pour objectif de constituer un « corpus de propositions de mesures d’urgences », d’ici à 2017, ce manifeste s’inscrit dans cette même veine : fragiliser une candidature de François Hollande en créant un espace politique favorable à gauche ; profiter du retour du mouvement social en France, avec la mobilisation contre la loi El Khomri et ses corollaires et faire mentir un Manuel Valls qui juge que la présidentielle se fera sur « la bataille culturelle et identitaire ».

La campagne pour la présidentielle de 2017 a bel et bien commencé.

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