Qu’ils soient candidats à la primaire ou pas, les quadras et quinquas de la droite essaient tous de se placer au mieux en vue de l’après-2017. Retour sur les paris plus ou moins risqués d’une génération d’ambitieux.
Il fuyait la question depuis des mois mais cette fois, Bruno Le Maire a décidé de le dire clairement. « Je prends l’engagement de n’être le Premier ministre d’aucun des concurrents à la primaire », a déclaré le député de l’Eure, candidat à la primaire de la droite, mardi 3 mai sur BFMTV. Une affirmation destinée à dissiper les doutes : pas question de laisser penser que le candidat aurait une autre ambition que celle de devenir président de la République, lui qui martèle qu’il va gagner la primaire. Pourtant, Bruno Le Maire réfléchit bel et bien à une voie de secours en cas de défaite. Selon un confidentiel de L’Express, le député de l’Eure se voit bien prendre la tête du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale en cas de victoire de l’un de ses concurrents à la présidentielle. « Il fait partie des nombreuses personnalités qui ont les qualités pour cela », sourit l’actuel titulaire du poste, Christian Jacob.
L’entourage de Le Maire a – évidemment – démenti auprès du Lab d’Europe 1. Il n’est pourtant pas le seul à réfléchir à un plan B. A la peine dans la course aux parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire, Nathalie Kosciusko-Morizet laisse elle aussi planer un savant mystère sur son avenir. Question de crédibilité. « Je ne pense pas qu’elle va gagner la primaire. Mais si on fait campagne en disant qu’on veut Matignon, ce n’est pas la peine », glisse un pilier de son équipe. Histoire de bien brouiller les pistes, NKM plaide même désormais pour supprimer la fonction de Premier ministre ! Jean-François Copé, en revanche, ne dirait pas non à un poste au gouvernement en cas d’alternance, lui que Nicolas Sarkozy a interdit de ministère pendant tout son quinquennat. « Si la droite revient au pouvoir, il ne se voit pas rester député-maire de Meaux », confie l’un de ses proches.
Et puis il y a les non-candidats. Ceux qui ont décidé de prendre leur mal en patience et de laisser leurs aînés Juppé, Sarkozy et Fillon s’affronter pour 2017, mais qui affûtent leurs armes pour le prochain tour. C’est le cas de Laurent Wauquiez, propulsé vice-président délégué du parti par Nicolas Sarkozy en décembre dernier, en remplacement de NKM. L’ancien ministre s’est mis dans la roue de l’ex-Président pour 2017, mais il ne se verrait pas rempiler pour un maroquin en cas de victoire de la droite. Plusieurs sources assurent qu’il vise plutôt la direction du parti. « Il est bien placé », assure un ponte de l’opposition. « Laurent a la conception d’une carrière à la Chirac : il faut tenir le parti et une grosse collectivité », confirme un fidèle de Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac avait la mairie de Paris et le RPR. Laurent Wauquiez a déjà la grande région Auvergne-Rhône-Alpes, conquise en décembre. Et côté parti, le numéro deux se verrait donc bien devenir numéro un dans un proche avenir…
Pour la primaire, « Pécresse va soutenir la région Ile-de-France ! » se marre un député LR
Lui aussi a, semble-t-il, passé un pacte avec Nicolas Sarkozy : François Baroin, qui ne cache pas sa détestation d’Alain Juppé, soutiendra officiellement l’ancien chef de l’Etat avant l’été. Pour plusieurs sarkozystes, l’affaire est entendue : ils voient déjà l’enfant chéri de la Chiraquie à Matignon. « Baroin a plusieurs fenêtres de tir », nuance un sénateur LR, qui le verrait tout autant briguer le poste du président du Sénat, Gérard Larcher. L’hypothèse n’est pas absurde : François Baroin a volontairement quitté l’Assemblée nationale pour se faire élire sénateur en 2014 et ses fonctions de président de l’Association des maires de France lui permettent de se tisser un large réseau chez les élus locaux… ceux-là même qui élisent les sénateurs.
De son côté, Valérie Pécresse compte bien faire du conseil régional d’Ile-de-France, dont elle est présidente depuis décembre, un poste de commandes au service de ses ambitions. « Elle est à la tête de la première région de France, elle sait que le prochain président de la République ne pourra pas lui tourner le dos », affirme un ancien conseiller de l’ombre de l’UMP. Prête à toutes les éventualités, l’ex-filloniste a pris ses distances avec l’ancien Premier ministre. Pour l’instant, elle a choisi de ne pas choisir entre les prétendants à la primaire. « Elle va soutenir… la région Ile-de-France ! » se marre un député LR, pour qui Pécresse ne s’engagera pas à fond dans la campagne. Un cadre du conseil régional abonde : « Ce serait une faute politique. Beaucoup d’élus franciliens sont chez Fillon, beaucoup d’autres sont chez Le Maire. Elle ne va pas prendre le risque de se mettre ses équipes à dos. » En politique, mieux vaut faire des additions que des soustractions.
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