Le théâtre du Rond-Point offre à Hollande son premier discours de campagne

« La récompense sera dans l’avenir », a conclu François Hollande après un long discours devant la fondation Jean Jaurès. Un discours officiellement sur « la gauche et le pouvoir » aux airs de premier meeting de campagne où il a longuement défendu son bilan et laissé entrevoir une baisse des impôts « pour les plus modestes » en 2017.

Il devait faire un discours sur « la gauche et le pouvoir », dans un colloque organisé par la fondation Jean Jaurès. François Hollande a discouru durant plus d’une heure sur la grandeur d’une gauche qui, de tout temps, a « su réussir face aux épreuves« . Une manière d’inscrire ses propres réformes dans la continuité de cette gauche-là, historique, de se féliciter pour toutes les actions menées sur son air favori du « Ça va mieux » et de poser, sans jamais l’assumer, les premiers jalons d’une campagne pour sa réélection en 2017.

« La gauche n’a pas accédé au pouvoir par une mer de tranquilité, sous un ciel de sérénité et par temps calme » ; « C’est parce que face aux épreuves les autres n’y arrivent pas que la gauche y parvient » ou encore « Ce n’est jamais parce que la gauche est au pouvoir que c’est difficile, c’est parce que c’est difficile que la gauche est au pouvoir« … Hollande a émaillé son discours de punchlines sur la force d’une gauche capable de répondre aux défis du monde actuel, en appelant à avoir une perspective de long terme :

« Ne pas fuir devant l’adversité, ne pas céder devant elle, ne pas craindre le procès, le même, inscrit toujours par les mêmes, celui de la compromission avec un système qu’il faudrait toujours dénoncer pour ne pas avoir à le changer. Relever le défi, tenter de réussir là où d’autres ont échoué, c’est l’honneur d’un gouvernement de gauche.

 Tenir bon au point que les réformes combattues lors de leur mise en oeuvre deviennent le plus souvent celles du pays tout entier, quelques années plus tard. C’est ainsi qu’on reconnait les grandes lois de la République. Celles-là que d’autres voulaient abroger et qui ont fini par s’imposer. »

Autre argument déroulé tout au long de son discours, et qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Nicolas Sarkozy à la fin de son quinquennat : la France a traversé une crise plus grave que celle qu’il avait imaginée. Voilà donc François Hollande en train d’expliquer toutes les difficultés qu’il n’avait pas anticipées :

« Je le concède, la crise de la zone euro a duré plus que ce que j’avais imaginé en 2012, il a fallu s’y remettre à plusieurs fois pour éviter son éclatement. De la même manière, il est tout aussi exact que les prévisions de croissance établies lors de mon élection n’ont été nulle part vérifiées et que des épreuves ont surgi, ont bousculé même nos plans, avec les guerres à l’extérieur ou à l’intérieur avec le terrorisme, qui a demandé un effort beaucoup plus conséquent budgétaire. »

Mais, face à ces difficultés affirme-t-il, il ne s’était « pas trompé sur le diagnostic » : « J’avais prévenu les Français : il fallait redresser pour mieux redistribuer. »

Il assure désormais que la phase de redressement étant terminée, il est bien temps de passer à celle de la redistribution. Nouvelle pierre posée en vue d’une candidature, il promet d’ailleurs une baisse des impôts en 2017 si « les marges sont disponibles » : « En fonction des marges et seulement en fonction des marges dont nous pourrons disposer, il conviendra de poursuivre cette politique de réforme, de justice et de baisse des prélèvements pour les Français les plus modestes. »

Hollande justifie également le fait de ne pas avoir respecté l’intégralité de ses promesses de 2012, et d’avoir (largement) débordé des lignes politiques fixées alors. Un brin narquois, il dit ne pas comprendre ce reproche « comme si le monde à traiter était figé, s’était arrêté le jour-même de l’élection, comme s’il n’exigeait pas une adaptation permanente, comme si les circonstances ne justifiaient pas qu’on puisse agir avec d’autres moyens, d’autres formules que celles imaginées.« 

Après avoir détaillé durant une heure la liste de ses réalisations – « Il y a ceux et celles qui ont pour seul projet de détruire tout ce que nous avons fait… ça leur prendra du temps !« , ironise-t-il – il livre enfin en guise de conclusion ce qui peut se lire comme un souhait personnel :

« Avançons, sans regret, sans calcul, sans répit, et sans savoir, comme le disait Jaurès, quelle récompense nous sera réservée. La récompense elle ne sera pas dans l’Histoire, la récompense, elle sera dans l’avenir. »

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