Djihadisme : premier procès en Allemagne pour "crime de guerre" commis en Syrie

Un Allemand d’origine iranienne, ancien combattant présumé de Daech, comparaît à partir de ce mardi 3 mai, et jusqu’au 14 juin, pour « perpétration d’un crime de guerre » en Syrie devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Francfort. Une première en Allemagne.

Aria Ladjedvardi, un Allemand d’origine iranienne, de 21 ans, n’était pas peu fier lorsqu’il prenait la pose, en compagnie de deux autres hommes, devant des têtes décapitées, plantées sur des sortes de lances, en Syrie. A l’époque, au printemps 2014, le jeune combattant présumé de Daech poste même les clichés sur sa page Facebook pour mieux « ridiculiser », selon le parquet fédéral allemand qui instruit l’affaire, ses victimes : des « infidèles ». Il comparaît à partir de ce mardi 3 mai, et jusqu’au 14 juin, pour « perpétration d’un crime de guerre » devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Francfort. Une première en Allemagne, qui peut poursuivre les personnes soupçonnées de crime de guerre ou de crime contre l’humanité, même lorsque ces crimes n’ont pas été commis sur son sol.

Si, en France, « l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » reste l’essence des chefs d’inculpation principalement retenus dans ce type de procès, certaines voix se sont levées en faveur de poursuites pour « crime de guerre« . Elles souhaitaient alors un déferrement des terroristes présumés devant la Cour pénale internationale (CPI).

« A mon avis, la France ne devrait pas récupérer ces criminels de guerre, même dans ses prisons : c’est la CPI qui devrait s’en charger », déclarait par exemple dès le lendemain des attentats de Charlie Hebdo l’ancienne secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, Rama Yade.

De son côté, l’Allemagne – où plus d’un million de migrants ont trouvé refuge, parmi lesquels des combattants repentis de différentes nationalités, estiment les autorités – veut poursuivre les Syriens et Irakiens ayant commis des crimes de guerre ou participé à des génocides et arrivés sur son sol. Pas uniquement les soldats de Daech. Depuis 2013, chaque candidat à l’asile est systématiquement interrogé sur des faits tombant sous le droit pénal international, tels que les massacres de civils, ou encore les actes de torture, faits auxquels ils auraient participé ou dont ils auraient été témoins. D’après la chaîne ARD et le « Süddeutsche Zeitung », cité par le quotidien belge la Libre Belgique, la police criminelle fédérale BKA a ainsi d’ores et déjà reçu plus de 2000 « renseignements »  via des questionnaires détaillés, que la « plupart » des migrants accepterait de remplir.

« Etiez-vous témoin ou concerné par des tortures, exécutions ou attaques aux gaz chimiques ? » ou « Possédez-vous des photos, vidéos ou autres documents pouvant servir de preuves pour ces crimes ? » leur demande-t-on notamment. Le parquet fédéral de Karlsruhe a reçu tant de renseignements, qu’il craint, dit-on, d’être « débordé« . Sept procureurs y mènent deux grandes enquêtes « structurelles », l’une contre le régime et les opposants syriens, l’autre contre l’État islamique. « Aucun ex-membre des chabbibas, membres la police secrète syrienne, ne doit pouvoir se cacher en Allemagne », déclare en effet un policier de la BKA toujours selon la Libre Belgique. 

Prochainement devraient débuter les procès d’Ibrahim Al F., un Syrien de 41 ans, chef supposé d’une milice qui enlevait et torturait des civils à Alep, et de Suliman A.S., un Syrien de 24 ans soupçonné de l’enlèvement d’un soldat de l’ONU en 2013.

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