A un an de 2017, Marine Le Pen ne veut plus une tête qui dépasse

Fin du défilé du 1er-Mai, purge de la vieille garde, casting des candidats aux législatives… A l’approche de la présidentielle, Marine Le Pen et son numéro deux Florian Philippot polissent plus que jamais la vitrine du Front national. Et écartent soigneusement tout ce qui pourrait l’entacher.

Qu’on se le dise : au Front national, plus une tête ne doit dépasser ! Marie-Christine Arnautu et Bruno Gollnisch en font l’amère expérience. Les deux eurodéputés frontistes, qui se sont rendus le 1er mai au rassemblement organisé par Jean-Marie Le Pen, n’auront pas attendu longtemps pour voir tomber le couperet. Une motion votée dès le lendemain en bureau politique leur intime de renoncer à leurs fonctions au sein des instances dirigeantes du parti – ce qu’ils ne comptent pas faire pour l’instant, comme ils l’ont assuré à Marianne. Le « BP » a aussi démis de ses fonctions deux secrétaires départementaux, Mireille d’Ornano (Isère) et Philippe Chevrier (Yvelines), qui se sont eux aussi affichés au contre-1er-Mai de Le Pen père. « On me jette comme un torchon parce que je suis allé donner mon soutien au papa de Marine Le Pen. Je trouve ça hallucinant », réagit Philippe Chevrier auprès de Marianne. « Comment peut-on se déclarer pro-Marine et être en même temps contre son père ? »

Pas de chance pour lui : à la direction du FN, on fait précisément la lecture inverse. « Les gens peuvent avoir des liens d’affinité et d’affection, c’est compréhensible. Mais se rendre à ce rassemblement, c’était un acte politique hostile au Front national », martèle Nicolas Bay, le secrétaire général du parti. Cette purge des « jeanmaristes » vient parachever celle qu’avait entamée Marine Le Pen l’an dernier, lorsqu’avait éclaté le conflit avec son père, sur fond de nouvelles provocations à propos du prétendu « détail de l’histoire ». Arnautu et Gollnisch, déjà eux, avaient été respectivement éjectés de la commission d’investitures et de la commission des conflits, tandis que des responsables frontistes locaux avaient été virés sans ménagement.

Au banquet du FN, tout était lissé et poli à souhait… jusqu’à l’effigie de Jeanne d’Arc, aux airs de film d’animation japonais.

Eviter les dommages collatéraux

Le message est clair : désormais, tout signe de soutien au fondateur du FN sera immédiatement réprimé. A un an de l’élection présidentielle, Marine Le Pen achève de couper tout ce qui pourrait encore relier son parti à son père. Une stratégie parfaitement illustrée par le 1er-Mai nouvelle formule qu’a inauguré le FN dimanche, sous la houlette du vice-président Florian Philippot. En organisant un « banquet populaire patriote » à Paris, les dirigeants frontistes ont rompu avec le traditionnel défilé et ses dommages collatéraux, comme des militants un peu trop remontés contre les journalistes ou l’irruption intempestive de Femen – même si ces dernières ont tout de même fait une apparition dimanche. Au déjeuner du FN, tout était donc lissé et poli à souhait… jusqu’à l’effigie de Jeanne d’Arc, aux étonnants airs de film d’animation japonais, bien loin des tableaux moyenâgeux.

Un 1er mai « apaisé », selon la nouvelle ligne de Marine Le Pen, au prix d’une relative discrétion médiatique. Un signe ne trompe pas : contrairement aux années précédentes, BFMTV n’a pas retransmis en direct le discours de Marine Le Pen. Certes, les manifestations tendues contre le projet de loi travail n’y sont pas pour rien. Mais « de notre point de vue, ce changement de format se voulait moins spectaculaire et offensif qu’un rassemblement en extérieur, sur la place de l’Opéra », justifie Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne info. Peu importe : dans la grande salle de la Villette, dimanche, il s’agissait surtout de s’autocongratuler des bons résultats électoraux. Les patrons des groupes aux conseils régionaux ont d’ailleurs tous eu le droit à leur dix minutes de gloire à la tribune.

Le casting serré des candidats aux législatives

Et la dédiabolisation, ce n’est (toujours) pas fini, comme le montre la préparation des élections législatives de 2017. Le secrétaire général Nicolas Bay a entamé fin mars une tournée dans toutes les régions pour cadrer le casting des candidats, qui seront soumis à une véritable période d’essai. Le FN va d’abord « préinvestir » les 577 postulants avant l’été, avant de confirmer définitivement leurs investitures en octobre-novembre. Un contrôle très en amont destiné à éviter les sorties de route en série – et notamment les propos racistes sur les réseaux sociaux – qui avaient émaillé les dernières élections locales. Même si les dirigeants frontistes se rassurent en vantant un vivier d’élus désormais solide. « Autant avec 8.000 candidats, c’était compliqué aux départementales, autant on a une bonne visibilité pour les législatives », confie un cadre.

Leurs futurs adversaires ne s’attendent pourtant pas à une grosse démonstration sur le terrain. « Leur souci, c’est surtout de ne pas faire campagne. Dans ma circonscription, pour les régionales, ils n’ont pas fait une visite, pas une réunion », grince un député-maire Les Républicains d’Ile-de-France. « Ils ont bien conscience que plus ils montrent leurs candidats, plus ils perdent des voix. » Mais au cas où un candidat se montrerait quand même, mieux vaut qu’il soit propre sur lui. C’est en tout cas le raisonnement de Marine Le Pen, bien décidée à ce que son parti montre un visage le plus « pro » possible.

 

 

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