"Ça va mieux !" de Hollande : extension du domaine de la météorologie

Ce qui m’inquiète le plus dans le « Ça va mieux » présidentiel, c’est justement la posture d’observateur qu’il suggère. L’aveu est splendide : « Ça », comme s’il s’agissait d’une réalité extérieure sur laquelle on ne peut rien. « Ça va mieux » est au politique ce que le « Ça se calme » est au marin qui voit avec soulagement la météo redevenir clémente. Mais ni la croissance, ni le chômage, ni le déficit ne sont des phénomènes naturels météorologiques.

 

« Ça va mieux ! » a répondu le chef de l’Etat à l’ancien électeur de gauche passé au Front National, lors de son émission sur France 2. « Ça va mieux ! » ont répété quelques jours plus tard une brochette de ministres lors du lancement de l’opération « Eh Oh la gauche » à la faculté de Médecine de Paris. « Ça va mieux« , élément de langage formaté comme un hashtag de Twitter et repris en cœur par les lieutenants de Solferino depuis que les chiffres du chômage de mars sont tombés, enregistrant une baisse, suivi de près par une croissance un peu meilleure et précédée d’un résultat un peu meilleur sur le déficit budgétaire. Après les années de grosse caisse sarkozystes, la Présidence Hollande aime les petits résultats.

Qu’est-ce qui va mieux ?

Sur le front de l’économie, « tous les voyants sont au verts » disent les plus optimistes, Michel Sapin en tête : baisse du chômage, reprise de la consommation, investissement, moral des entrepreneurs, balance commerciale, déficit public. On comprend l’empressement qu’ils ont à se réjouir, tous étaient à l’affût d’un début de bonne nouvelle depuis le début du mandat. Depuis quatre ans, le Président de la République et sa majorité nous expliquent qu’il faut être patient et que leur action va porter ses fruits. Mais comme en témoignent d’autres chiffres – ceux des sondages – les Français ne sont pas patients du tout, y compris les électeurs qui ont voté pour François Hollande.
 
Ça va mieux est surtout un gimmick qui permet d’identifier celui qui parle.

Soleil, pluie ou orage ?

Pour l’heure, « Ça va mieux » est surtout un gimmick qui permet d’identifier celui qui parle : à tous les coups, il s’agit d’un partisan de l’action du gouvernement. À un an du grand rendez-vous de l’élection présidentielle, il y a ceux qui ont intérêt à ce que ça aille pour justifier leur candidature et s’appuyer sur un bon bilan, et ceux qui ont intérêt à ce que ça déraille pour justifier leur candidature en proposant le changement..
 
« Ça va mieux » n’est pas, en dépit des apparences, une parole d’un observateur ou d’un expert. « Ça va mieux » est la parole d’un politique qui pense que le bilan aura une importance déterminante pour les prochaines élections. C’est à l’évidence une croyance de technocrate. D’abord si le bilan statistique était un marqueur politique décisif, Lionel Jospin eut été élu en 2002. Ensuite, il faudrait une toute autre ampleur dans les résultats pour que ces chiffres traduisent une réalité vécue qui soit prescriptrice de vote. Des conseillers cyniques ont théorisé dès les premières difficultés que seuls comptaient les résultats des six derniers mois…
 
« Ça va mieux » est au politique ce que le « Ça se calme » est au marin qui voit avec soulagement la météo redevenir clémente.
 
Au-delà, ce qui m’inquiète le plus dans le « Ça va mieux » présidentiel, c’est justement la posture d’observateur qu’il suggère. L’aveu est splendide : « Ça« , comme s’il s’agissait d’une réalité extérieure sur laquelle on ne peut rien. « Ça va mieux » est au politique ce que le « Ça se calme » est au marin qui voit avec soulagement la météo redevenir clémente. Mais ni la croissance, ni le chômage, ni le déficit ne sont des phénomènes naturels météorologiques.

Face aux angoisses françaises

Au fond, ce « Ça va mieux est angoissant. On attend de l’exécutif une action déterminée et une vision de la France pour les générations à venir. On aimerait qu’un président préside. On aimerait que le chef de l’Etat définisse un cap pour la France. Il pourrait alors dire : j’ai œuvré pour changer le monde. Voilà à quoi je souhaite qu’il ressemble, voilà comment je m’y prends, voilà à quoi nous parvenons.
 
Au fond du désamour des Français pour notre vieille classe politique, il n’y a pas seulement l’absence tangible de résultats sur le front du chômage depuis 40 ans. Il y a au-delà le sentiment que la France est ballotée par les éléments (« la conjoncture »), qu’elle ne maîtrise plus son destin et que le chef de l’Etat est devenu impuissant. Cette crise de la puissance, cette absence de souveraineté aggrave la crise économique et sociale. À la souffrance des fins de mois difficile s’ajoute la tristesse du citoyen de 1789 qui pensait avoir repris le pouvoir en désignant ses représentants par le suffrage universel.
 
Le « Ça va mieux » du gestionnaire peut servir de corde de survie aux gouvernants mais il est de bien peu de poids face aux 30% d’intentions de vote de Marine Le Pen.
 
« Ça va mieux » est en un sens ce qui reste du politique quand il a délégué ses pouvoirs par pans entiers à des « autorités » extérieures : le marché, les institutions supranationales, l’Europe, les banques, les autorités indépendantes… Au fond, que ça aille un peu mieux ou pas n’est pas vraiment le sujet. Les Français veulent que la France redevienne elle-même : c’est à dire une Nation libre, un État qui peut agir, des politiques qui décident et mettent de l’ordre dans le chaos du monde.
 
Mon projet pour 2017 propose la reprise en main des outils d’action et la maîtrise de notre destin: la monnaie, la politique budgétaire, une nouvelle organisation du travail dans la mondialisation, la maîtrise du territoire et de la politique migratoire, le retour du privilège du profane sur le sacré, une politique étrangère indépendante et respectueuse de la liberté des peuples.

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