Face aux casseurs et aux CRS, comment les manifestants ont imposé leur 1er Mai

Derrière les images de violence montrées par les chaînes télévisées, les incidents dans la capitale ce dimanche ont été assez bien circonscrits et les manifestants ont réussi, par leur calme, à imposer aux casseurs et à la police de continuer la manifestation du 1er Mai.

Les journaux télévisés de ce 1er mai, ont fait leurs choux gras des « défilés émaillés d’incidents et de violences », comme les a par exemple décrits iTélé. Avec force images spectaculaires à l’appui car des jets de gaz lacrymogènes, cela produit de jolis nuages sous le soleil, accompagnés par la mélodie furieuse des explosions de grenades.

Vu au travers de l’objectif, les citoyens de province ont du se dire que leur capitale était à feu et à sang. En fait, les incidents réels ont été assez bien circonscrits, et les manifestants ont réussi par leur calme à imposer aux casseurs et à la police que leur cortège parvienne au terme fixé, c’est à dire place de la Nation. Mais ça, c’est moins fun

Des affrontements avec les « autonomes »

A 15 heures, place de la Bastille, lors du démarrage du défilé appelé par la CGT, FO, FSU, SUD, UNEF et FIDL, environ 300 à 500 manifestants « autonomes », reconnaissables à leur vêtements et au fait qu’ils tentent de dissimuler leur visage, se regroupent devant le cortège syndical. Leurs objectifs politiques sont éloignés de la loi Travail : contre l’Etat, contre le capitalisme… Un membre du service d’ordre syndical s’interroge : « Comment ont-ils pu passer sans être repérés et empêchés par la police qui est très présente autour de nous ? » La question reste sans réponse. Le cortège s’ébranle, étroitement encadré par des policiers équipés.

Une heure plus tard, on retrouve les « autonomes », boulevard Diderot, derrière l’ancienne caserne de Reuily. C’est là que l’affrontement a lieu. Des vitrines sont brisées (rien de politique là-dedans, puisqu’il s’agit, par exemple, d’une charcuterie…). La hiérarchie de la police analyse la situation. On entend un officier affirmer dans sa radio : « Ils n’ont plus de transversales », entendez : les casseurs n’ont plus de rue par lesquelles s’échapper. L’ordre de « fermer les barrages » est alors donné. Une véritable souricière est mise en place : les autonomes, plus quelques centaines de lycéens et d’étudiants, sont pris entre deux dispositifs de CRS.

Ça fait pleurer, ça assourdit, mais on ne constate (heureusement) pas de blessés graves.

C’est à ce moment que se produisent, pendant une demi-heure les échauffourées les plus sérieuses : jets de pierres, de gros pétards, de planches arrachées à un chantier, d’un côté, gaz lacrymogènes généreusement répandus et grenades de désencerclement de l’autre. Ça fait pleurer, ça assourdit, ça surprend, mais en fait, on ne constate (heureusement) pas de blessés graves. Cet épisode produit les images diffusées par les chaînes d’info en continu dès l’après-midi, et permet de réduire les manifestations qui ont lieu partout en France à un problème de maintien de l’ordre.

« On veut passer ! On veut passer ! »

La surprise vient des manifestants. Ayant respiré force gaz et pas mal pleuré, confronté au spectacle de la violence, on aurait pu croire qu’ils replieraient les banderoles et slogans et rebrousseraient chemin. C’est exactement l’inverse qui se produit. Alors que les dirigeants syndicaux avaient pris des chemins de traverse, les 20.000 grognards décident, sans aucun mot d’ordre, de rester sur place. Ils avancent même au contact des CRS pour exiger le passage. « On veut passer ! On veut passer ! » reprennent-ils en coeur. « On a conscience que si on abandonne cet après-midi, ce sera une défaite pour notre mouvement. Il n’en est pas question », explique une manifestante retraitée.

Au bout d’une heure à piétiner, à pleurer et tousser, le barrage de police est levé, le cortège s’ébranle, sous les applaudissements. La place de la Nation n’est plus qu’à 400 mètres. Et c’est avec un grand sourire que les rangs serrés de protestataires approchent de la grande statue de Marianne qui occupe son centre.

L’épilogue vient une heure plus tard, lorsqu’après des affrontements sporadiques, les policiers arrêtent certains casseurs. Là encore de belles images, qui ne relatent pas ce qu’ont vécu la grande majorité des acteurs de la pièce… 

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