1er mai 2015 : quand les gros bras du FN jouaient aux policiers

Le coup d’éclat des Femen l’an passé a convaincu le Front national d’annuler son traditionnel défilé du 1er mai, ce dimanche. Dommage pour le service d’ordre du parti, qui ne pourra pas en profiter pour sortir les brassards…

La scène avait fait le tour des JT. Il y a un an, le 1er mai 2015, lors du traditionnel rassemblement du FN à Paris, trois Femens surgissent seins nus au balcon de l’hôtel Intercontinental, place de l’Opéra, en imitant le salut nazi. Pendant six longues minutes, Marine Le Pen interrompt son discours. Le temps pour ses gorilles de trouver la chambre 1128 et de sortir violemment les militantes peinturlurées des slogans « Heil Le Pen », « Le Pen top fascist » et « Scheisse demokratie ».

Dans la foulée, les filles déposent plainte pour « violence en réunion » et « violation de domicile » – elles avaient loué la chambre la veille de l’événement. Sans succès : en février 2016, trois gros bras interpellés dans la chambre écopent d’un simple rappel à la loi. « Le DPS [le service d’ordre du FN] a accompli son travail avec rigueur et professionnalisme », claironne alors le secrétaire général du front national, Nicolas Bay.

L’enquête de police que Marianne a consulté raconte une histoire un tantinet différente. « Certains [des] hommes m’ont affirmé qu’ils étaient de la police. Je les ai donc prié de s’identifier officiellement, mais ils ne m’ont pas présenté de carte, témoigne le chef de la sécurité de l’Intercontinental, tombé nez à nez avec cinq ou six énervés en civil qui le pressent d’ouvrir la porte 1128. On a tenté de faire barrage pour les empêcher de rentrer [dans la chambre], mais en vain. Ils ont agit rapidement et en usant de la force ». L’un des hommes « portait un brassard orange pouvant faire penser qu’il était policier », assure un autre membre de la sécurité.

Quand les vrais policiers débarquent quelques minutes plus tard, il ne reste plus, outre les Femen, que Sélim F., Fabien B. et Boris R. Six individus affiliés au FN ont pourtant été filmés par les caméras de vidéosurveillance de l’hôtel. Trois se sont donc volatilisés. Membres de la sécurité du FN ou simples militants frontistes, comme l’affirme le DPS ? Mystère… « Vu l’exiguïté de la chambre, toutes les personnes présentes, à l’exception des Femen rentrent et sortent de la chambre dans une certaine confusion », rapporte un agent de police.

Sélim F. et Fabien B. sont tous les deux membres du service d’ordre du Front national. Ce qui n’est pas le cas de Boris R. : ce cadre du parti, qui se présente comme le responsable des jeunes du FN dans la 10e circonscription des Yvelines, a été candidat, en mars 2015, aux élections départementales à Rambouillet. Quelques minutes avant de jouer les durs et de hurler « Marine présidente » au balcon de l’hôtel, Boris R. marchait sous la pluie avec la délégation FN d’Île-de-France, aux côtés du trésorier du mouvement, Wallerand de Saint-Just (photo ci-contre).

Cela ne risque pas de se reproduire cette année : le défilé et l’hommage à Jeanne d’Arc, place des Pyramides, ont été annulés. « Problème de sécurité », argue-t-on dans les hautes sphères du parti. Ou peur de l’excès de zèle ?

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