Dans une longue interview donnée au magazine « Society » en kiosques ce vendredi 29 avril, le Premier ministre s’essaie à dresser la liste « des erreurs » de la gauche depuis 2012. Un exercice de vérité quelque peu détourné par Manuel Valls…
« Il faut aussi être capable d’analyser sa propre action et reconnaître ses erreurs. Personne n’est infaillible ». C’est à une véritable séance de sophrologie que paraît s’être livré Manuel Valls lors de l’interview qu’il a accordée au magazine Society, qui sort en kiosques ce vendredi 29 avril. En apparence seulement car, après avoir affiché son intention d’autocritique, le Premier ministre transforme quelque peu l’exercice… Décryptage d’une valse d’esquives en quatre temps.
« (Nous avons fait une erreur) sur le moment et la façon de présenter la loi Travail. (…) Quand une mauvaise interprétation est faite sur un projet, pour convaincre ensuite, c’est plus long et plus difficile ».
Traduction : si le projet de loi de Myriam El Khomri est si mal accueilli, c’est tout simplement parce qu’il a été mal vendu. Et les milliers de Français manifestant dans la rue n’ont donc rien compris. Question de forme, quoi. Car sur le fond, c’est entendu, le texte ne peut être que positif. Un argument qu’avait déjà affûté Myriam El Khomri.
>> Loi El Khomri : pour le gouvernement, soit tu l’aimes, soit tu l’as pas lue
« Nous n’assumons pas ce que nous faisons dans le domaine économique ni dans celui de la sécurité – même si c’est un peu moins vrai parce que avec d’autres, j’ai contribué à faire évoluer les choses dans ce domaine ».
Traduction : là encore, le problème n’est pas le fond, c’est la forme. Le pacte de responsabilité, la loi Travail ou la déchéance de nationalité ont beau être aux antipodes des vues traditionnellement défendues par le Parti socialiste, personne n’aurait moufté si la gauche au pouvoir était restée droit dans ses bottes. Heureusement pour le gouvernement, le soldat Valls est là pour faire changer les mentalités… au contraire de ces passéistes de frondeurs, par exemple.
“La deuxième erreur c’est, au lendemain de la victoire, de ne pas avoir assez tenu compte du rapport de la Cour des comptes sur la dégradation des finances publiques lors du quinquennat précédent”.
Traduction : comment reconnaître une erreur tout en désignant quelqu’un d’autre. Dans un effet éculé par la garde rapprochée de François Hollande depuis 2012, Manuel Valls admet LA grande erreur du PS après son arrivée au pouvoir : n’avoir pas suffisamment… souligné à quel point Sarkozy était nul ! Il est vrai que 600 milliards d’endettement en plus, cela pèse. Mais n’en a-t-on vraiment pas parlé durant la campagne de 2012 ?
« Il y a eu une première difficulté qui est que, pendant ses six ans d’opposition, la gauche s’est mal préparée à l’exercice du pouvoir. L’opposition était parfois trop systématique, l’anti-sarkozysme étant, à tort, le seul objet des discours ».
Traduction : seul vrai mea-culpa de cette interview, l’aveu ne date pas d’hier. En février, Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat – tendance valliste – chargé des Relations avec le Parlement, avait déjà concédé que « l’anti-sarkozysme a tenu lieu de programme » en 2012. Pas sûr que l’explication suffise aux manifestants contre la loi El Khomri ou encore aux manifestants de « Nuit Debout »…
► Après s’être soigneusement épargné de ses propres critiques, Manuel Valls explique dans la même interview : « J’ai, et nous avons, une part de responsabilité, même si le mea-culpa ne sert pas à grand-chose ». Cela, on l’avait bien compris…
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