Etats-Unis : de nouvelles discriminations légalisées au nom de la religion

Le gouverneur de l’Etat du Tennessee a signé un projet de loi autorisant entre autres les psychologues à refuser de prendre en charge des patients si cela va à l’encontre de leurs convictions, religieuses notamment. D’après les associations LGBT, c’est ce public qui serait principalement visé…

C’est une nouvelle initiative locale manifestement en réaction à la légalisation du mariage des homosexuels outre-Atlantique. Après la Caroline du Nord et le Mississippi, voici que le Tennessee (Sud des Etats-Unis) a voté une loi autorisant des discriminations envers une partie de la population. Le gouverneur républicain Bill Haslam a en effet signé un texte qui permet aux psychologues, notamment, de refuser leurs services aux patients dont « le but, l’aboutissement ou le comportement » va à l’encontre de leur « principes les plus profonds« . Elle les protège de poursuites judiciaires et de sanctions. Inévitablement, les associations LGBT se sont senties visées, bien que le gouverneur se défende de cibler une population en particulier, assurant : « L’essence de cette loi ne s’adresse pas à un groupe, un problème ou un système religieux« .

Pour bien comprendre la polémique, il faut se souvenir du premier intitulé que portait le projet de loi : en lieu et place de « principes les plus profonds« , il était bien écrit « croyance religieuse sincère« . Et pour achever de se convaincre que la motivation originelle du texte est bien religieuse et son objectif bien ciblé, il suffit de chercher ses soutiens. Ainsi James Berry, psychologue et presbytérien, a-t-il témoigné en faveur de la loi lors d’une commission législative, déclarant que « lui et d’autres psychologues ne voient pas de conflit à servir des clients gay souffrants de dépression » mais qu’en revanche, « assurer une thérapie de sexe à un couple non marié ou à un couple du même sexe serait en conflit avec [ses] valeurs fondamentales », qu’il tient de ses « croyances religieuses. » En résumé : pas de problème pour soigner la dépression chez les gays (et pourquoi pas, les guérir au passage de leur homosexualité…) mais pas question de les aider à résoudre leurs problèmes de couples !

Des clients ré-orientés pour des raisons discriminantes

Pas dupes, les opposants au texte ont dénoncé dès le début le sous-entendu de cette loi, malgré sa reformulation. La maire démocrate de Nashville, Megan Barry, a ainsi déclaré que « cela heurte [les] citoyens LGBT, impacte négativement l’économie et tend à miner la profession de conseillers« . L’association « Projet Egalité Tennessee » s’est dite « particulièrement inquiète par la possibilité pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres d’accéder » à ce type de services « dans les zones rurales.«  Et l’Association du conseil américain (ACA), qui regroupe les professionnels du secteur, a elle aussi critiqué une loi qu’elle juge « inutile« .

Pour justifier sa mise en place, le gouverneur dit avoir pesé le pour et le contre et tente aussi de rassurer ceux qui crient à la discrimination : « La loi ne s’applique pas lorsqu’une personne cherchant à être suivie est dans une situation de danger imminente pour lui-même ou les autres« . Ouf… Surtout, fait-il valoir, si les professionnels « sentent qu’ils ne peuvent pas servir un client à cause de leur principes les plus profonds« , ils doivent l’orienter vers « un autre conseiller qui pourra prodiguer les conseils ou assurer la thérapie« . Dans un communiqué, l’ACA rappelle toutefois qu’ils « avaient déjà l’autorité pour orienter leurs clients à d’autres collègues pour des raisons professionnelles, et non discriminantes« .

 

Marianne   Retrouvez Marianne sur notre appli et sur les réseaux sociaux :

Marianne sur App Store   Marianne sur Google Play

Marianne sur Facebook   Marianne sur Twitter   Marianne sur Instagram 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply