Démobilisation, violences : un mauvais 28 avril contre la loi Travail

Ils n’étaient qu’entre 14.000 et 15.000 selon la police, 60.000 selon la CGT, à battre le pavé parisien ce jeudi 28 avril pour exiger le retrait du projet de loi Travail. A Paris, comme en province, la mobilisation a déçu et a été émaillée de faits de violence commis par des casseurs.

« Il n’y a personne », « Ce n’est pas une manifestation, c’est une promenade »… De l’aveu même de ses participants, la journée nationale de mobilisation contre la loi El Khomri n’a pas réuni autant de personnes qu’escomptées. A Paris, ils étaient entre 14.000 et 15.000 selon la police, 60.000 pour la CGT, à défiler de la place Denfert-Rochereau vers celle de la Nation. Au moins 170.000 personnes ont manifesté dans toute la France selon la police, contre 500.000 pour la police. Une déception par rapport à un précédent jeudi de mobilisation record, le 31 mars. Ils étaient alors entre 26.000 et 28.000 à Paris selon la police, et entre 390.000 et 1,2 million dans toute la France selon les sources.

Peu avant le départ du cortège parisien, vers 14 heures, les leaders syndicaux rejoignent les manifestants. Jean-Claude Mailly (FO) prend la tête du cortège, suivi par Philippe Martinez, récemment réélu à la tête de la CGT. William Martinez, le président de l’Unef, est également présent, et explique aux caméras que « grâce à la mobilisation », « le gouvernement revient sur les différentes versions du texte ». Mais malgré sa détermination, et celle de la Coordination nationale étudiante (CNE) – qui a pris ses distances avec le premier syndicat étudiant depuis que celui-ci s’est satisfait des mesures annoncées par Manuel Valls –, ils sont à peine plus d’un millier d’étudiants à garnir les rangs de la marche parisienne ce jeudi.

Le cortège parisien d’abord festif

Vers 14h15, les manifestants quittent la place Denfert-Rochereau, pour rejoindre la place de la Nation. Les étudiants peinent à se faire entendre, les travailleurs en grève – et notamment les cheminots – étant bien plus visibles. Les vacances universitaires expliqueny en partie la baisse de motivation des étudiants. Mais malgré la maigre affluence, la bonne humeur règne dans les rangs : des comédiens qui parodient « des riches » ou un guitariste animent un cortège qui se veut festif.

« Une minute de silence pour les riches qui souffrent ». Bonne ambiance place Denfert R avant cortège #greve28avril pic.twitter.com/FFRynx4TXd

— Nicolas Rinaldi (@nicolasrinald1) 28 avril 2016

Peu avant 16 heures, la joyeuse déambulation s’arrête. De longues minutes passent, un flottement s’installe. Au-devant du cortège, des centaines de manifestants cagoulés et vêtus de noir se massent au pied du pont d’Austerlitz. Des projectiles et des bombes agricoles sont alors lancés sur les forces de l’ordre, qui répliquent à coup de gaz lacrymogènes et de grenades de dispersion. Les détonations, de plus en plus fortes, cessent un cours instant, le temps que la marche reprenne. Jusqu’au terme de la déambulation, place de la Nation, des affrontements entre casseurs et policiers se répètent. Deux agents ont été blessés, l’un d’eux est en situation « d’urgence absolue », selon la préfecture de Police de Paris. Cinq manifestants ont été interpellés. 

#LoiTravail : un policier inconscient, le visage en sang, est évacué par les CRS pic.twitter.com/V4Shpgv8iU

— Louis Witter (@LouisWitter) 28 avril 2016

Il pleut à Nation. pic.twitter.com/yrhYT1GvPH

— Mathias Destal (@MathiasDestal) 28 avril 2016

Des faits similaires se sont produits dans le reste de la France. A Nantes, une voiture a été incendiée. A Rennes, 38 manifestants ont été blessés, dont 10 graves, et des policiers ont reçu des cocktails lomotov.

Une Porsche en flammes lors d’une manifestation contre la loi travail jeudi à Nantes. Photo #AFP @LoicVenance pic.twitter.com/g6najpXeQ1

— Christophe Schmidt (@cschmidtafp) 28 avril 2016

Sur les réseaux sociaux et dans les médias, le récit des violences a éclipsé la mobilisation en elle-même contre la loi El Khomri. Du côté de la Coordination nationale étudiante, on refuse pourtant toujours de se désolidariser de ces casseurs – un discours porté depuis le début des manifestations. Une porte-parole étudiante explique à Marianne que son mouvement « dénonce les violences policières » et reste « solidaire » avec les casseurs. La CNE est une organisation spontanée qui rassemble des étudiants de toute la France contre la loi Travail. Au fil d’assemblées générales, où le nombre d’universités représentées ne cessent de décroître, la CNE – qui s’est également rapprochée de Nuit Debout – ne cesse d’appeler à la mobilisation contre le projet de loi et « refuse l’appellation de casseurs », lui préférant celle de « manifestants ». Quitte à déligitimer le mouvement…

 

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