Le prêtre du diocèse de Bayonne mis en cause pour des faits de pédophilie remontant à 1990 a animé, pas plus tard que le 6 février 2016, une Journée diocésaine organisée pour des collégiens mineurs, a indiqué ce jeudi 27 avril l’évêché à l’AFP. En 2010, a par ailleurs rapporté Mediapart, il accompagnait des enfants lors d’une sortie scolaire.
Oui, l’abbé Sarramagnan a avoué des faits de pédophilie remontant à 1990, commis sur son neveu alors âgé de 11 ou 12 ans. Oui, l’archevêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, confirme qu’il était au courant depuis 2009. Mais ce dernier a-t-il, comme il l’a affirmé ce mercredi, fait en sorte depuis lors que le prêtre n’ait « pas de responsabilité directe auprès d’enfants et de jeunes » ? Deux informations viennent ce jeudi 28 avril mettre en cause la version de l’archevêque…
Une enquête de Mediapart relève d’abord que le prêtre apparaît dans un article d’août 2010 du journal local Sud Ouest, où on le voit en soutane sur un bateau entre… trois enfants en gilets de sauvetage. Selon le site d’investigation, il apparaissait également au milieu de « dizaines d’enfants » sur des clichés publiés sur le site de la paroisse, « effacées depuis les questions de Mediapart au diocèse de Bayonne. » Des éléments confirmés par le père Sarramagnan en personne, qui a répondu par téléphone à Mediapart : « Oui, il m’arrivait d’intervenir occasionnellement dans des classes scolaires, mais toujours en présence d’adultes« . Ajoutant qu’il a également « fait les JMJ [Journées mondiales de la jeunesse – ndlr] de Madrid en 2011, mais c’étaient [s]es dernières ».
Autre élément accablant : pas plus tard que le 6 février dernier, le prêtre a aussi animé une Journée diocésaine organisée pour des collégiens mineurs, a confirmé ce jeudi l’évêché à l’AFP. Dans l’invitation à cette journée sur le thème « Avance au large », que l’AFP s’est procurée, l’abbé Sarramagnan est le seul ecclésiastique cité comme contact des élèves de 4e et 3e. Là encore, l’évêché affirme qu’il n’a jamais été laissé seul avec les enfants : « Oui, il était à cette journée du 6 février à Salies-de-Béarn comme dans tous les événements diocésains organisés. Il y était dans le cadre de ses fonctions, des fonctions attribuées de manière contrôlée par Mgr Aillet. Avec des consignes claires, jamais en contact direct avec les enfants, toujours sous la responsabilité du directeur diocésain de l’enseignement catholique, Jean-Marc Aphaule, et de plus encadré par des adultes du diocèse, des laïcs comme des prêtres ».
Jeudi, toujours en réponse à l’AFP, l’évêché a précisé que Mgr Aillet n’avait pas signalé les faits de pédophilie, dont il avait connaissance depuis 2009, parce que jusqu’à présent, « la famille n’avait pas déposé plainte« . La mère de la victime, un neveu du prêtre, a fini par déposer une plainte auprès du parquet de Clermont-Ferrand, où la famille réside aujourd’hui, en septembre 2015 selon Mediapart. Mgr Aillet, de son côté, avait suspendu l’abbé Sarramagnan de toute fonction ecclésiastique et signalé les faits au Parquet de Bayonne dans une lettre datée du 15 avril. Sauf que depuis 2000, l’Eglise catholique recommande dans les affaires de pédophilie soit d’obtenir du prêtre concerné qu’il se dénonce, soit de le signaler à la justice. Certainement pas, dans tous les cas, d’attendre 6 ans en le laissant voguer avec des enfants.
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