La Grèce toujours plus étranglée par le FMI

Alors que le gouvernement d’Alexis Tsipras avait accepté dans la douleur un nouveau Mémorandum, avec son lot d’austérité contre un nouveau plan d’aide, ses créanciers réclament de nouvelles mesures encore plus contraignantes. Et menacent à nouveau la Grèce de ne pas lui verser sa tranche de prêts.

En position de force depuis qu’Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a accepté de signer un nouveau Mémorandum en août 2015, les créanciers de la Grèce tentent de pousser encore leur avantage… Après un bras de fer qui avait duré plusieurs mois, le chef de file de Syriza avait dû accepter dans la douleur, et sous la menace d’une éjection de la zone euro, un nouveau plan d’économie avec son lot de réformes anti-sociales. Un programme qui ouvrait à Athènes la possibilité d’accéder à une nouvelle tranche de prêts à hauteur de 86 milliards d’euros. 

Mais comme le raconte Le Monde ce jeudi 28 avril, cela fait désormais six mois que le gouvernement grec attend cette aide qui ne vient pas, cruciale puisque le pays sera confronté en juillet prochain à une nouvelle échéance de remboursement à la BCE. Sans versement de ce prêt, Athènes pourrait se retrouver en défaut de paiement. 

Une nouvelle épée de Damoclès

Bonne élève, la Grèce dégageait en 2015 un excédent primaire de 0,7% du PIB au lieu de 0,2% fixé dans le Mémorandum. Mais malgré ces bons résultats, les créanciers, le FMI en tête, exigent que si la Grèce s’éloigne trop de ses objectifs d’ici à 2018, un train d’économies supplémentaire soit prévu, de 2% du PIB, ce qui correspond à 3,5 milliards d’euros. Véritable épée de Damoclès, cette nouvelle dose d’austérité irait à l’encontre de la constitution grecque.

« Malgré les évolutions positives, les exigences du FMI (…) minent les efforts de la Grèce et de l’Europe », a fustigé jeudi Olga Gerovassili, la porte-parole du gouvernement grec. Athènes « a déjà réalisé des économies de 2,8 milliards d’euros » et s’engage « à adopter des mesures de 2,6 milliards d’euros d’ici 2018 », comme prévoit l’accord de 2015, a rappelé le gouvernement.

Cette exigence supplémentaire des créanciers risque de créer une nouvelle instabilité politique dans le pays. Alexis Tsipras avait déjà eu le plus grand mal à faire accepter la signature d’un nouveau Mémorandum à ses soutiens. Syriza s’était fracturé, avec la scission d’Unité populaire, emmenée par son ancien ministre de l’Ecologie Panayiótis Lafazánis. Et au sein de Syriza, le « Mouvement des 53 », dirigé par l’actuel ministre des Finances Euclide Tsakalotos, refuse que le Premier ministre accepte de nouvelles mesures d’austérité non prévues dans le Mémorandum. Alexis Tsipras se retrouve donc coincé entre ces nouvelles demandes et la nécessité de conserver une majorité au Parlement.

Et si c’était justement l’objectif politique de ses créanciers : affaiblir définitivement le Premier ministre afin de gagner une bonne fois pour toutes le bras de fer entamé à l’arrivée de Syriza au pouvoir…

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