"Islamo-gauchisme" : polémique entre Jean-Marie Le Guen et Clémentine Autain

Le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement dénonce « une part de la gauche de la gauche » qui serait « prête à céder totalement au différentialisme culturel ». Et pointe le rôle de l’élue et militante féministe Clémentine Autain.

C’est la première fois qu’un membre du gouvernement emploie publiquement cette expression. Dans un essai intitulé La gauche qui vient, publié par la Fondation Jean Jaurès, Jean-Marie Le Guen fustige l’« islamo-gauchisme » porté selon lui par « une part de la gauche de la gauche ». Et le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement cible explicitement Clémentine Autain, la porte-parole d’Ensemble !, une composante du Front de gauche.

Dans son ouvrage, dont les extraits sont rapportés par le Scan du Figaro, Jean-Marie Le Guen encourage la gauche à « engager le combat pour l’universalisme républicain ». Et il condamne d’abord la « vision ethniciste » qu’il perçoit dans « le bloc réactionnaire, de l’extrême droite et de la droite extrême, bien sûr, qui veut contingenter, stigmatiser, reléguer et réduire les droits des populations qui ne sont pas originaires de pays ayant une tradition chrétienne ».

« Différentialisme culturel »

Mais Le Guen accuse aussi une partie de la gauche de s’inscrire dans cette logique. Pour le secrétaire d’Etat, « ce séparatisme est porté par une part de la gauche de la gauche, qu’on pourrait être tenté de qualifier – de manière polémique – d’‘islamo-gauchisme’. Pour des raisons compassionnelles, en ne voyant les personnes d’origine arabo-musulmane que comme des victimes et des opprimés, cette gauche, bien incarnée par Clémentine Autain, est prête à céder totalement au différentialisme culturel.« 

Un passage qui a fait bondir la principale intéressée. Clémentine Autain, qui s’est dite « révoltée » dimanche sur sa page Facebook, a publié mardi dans les colonnes du Monde une tribune dans laquelle elle répond longuement à Jean-Marie Le Guen. « Cette charge, aussi violente que délirante, est indigne. Elle mérite de porter plainte politiquement », s’indigne l’ancienne conseillère régionale.

« Chasse aux musulmans »

« Je tiens à la laïcité, j’en revendique le principe dans la lignée de la conception de Jaurès. Ce que je n’accepte pas, c’est que la laïcité, comme l’égalité hommes/femmes, soit instrumentalisée au service d’une chasse aux musulmans », affirme Clémentine Autain. « Que signifie donc ce qualificatif ‘islamo-gauchiste’ ? Il vise à jeter un anathème, à discréditer sans autre forme de procès argumenté », poursuit celle qui dit « connaître les drames en cours des recrutements djihadistes comme les méfaits d’un islam intégriste qui progresse ».

« Jamais je n’ai défendu le ‘différentialisme culturel' », écrit aussi Clémentine Autain. « Universaliste même si j’en conteste le caractère souvent abstrait ou ses déclinaisons impérialistes, je suis opposée à toute forme d’essentialisme, comme l’attestent notamment mes positions féministes depuis vingt ans. Je défends la mixité culturelle, comme une richesse. »

Ses « positions féministes » ont déjà été remises en cause. Après les agressions sexuelles de Cologne le 31 décembre dernier, la philosophe Elisabeth Badinter avait dénoncé, dans un entretien à Marianne, le « déni » de personnalités comme Clémentine Autain, mais aussi Caroline De Haas. « Les néoféministes sont dans l’injonction de faire silence, sous peine, disent-elles, d’alimenter le racisme », estimait Elisabeth Badinter. Le clash Le Guen/Autain confirme que le sujet n’a pas fini de diviser la gauche.

 

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