Ce "camp d'été décolonial" interdit aux Blancs

Du temps de l’Amérique ségrégationniste, à l’entrée des établissements publics, était affiché « Interdit au Noirs ». En 2016, en France, un « camp d’été décolonial » proclamera, lui , »Interdit aux blancs ». Ou comment la lutte des classes se fait peu à peu remplacer par la lutte des races dans les esprits d’une partie des militants d’extrême-gauche.

Avec l’arrivée du beau temps, on se met à rêver vacances. Dans cette perspective assez plaisante, je m’étais dit : pourquoi ne pas projeter d’aller en Champagne-Ardenne ? Je connais mal la région et j’aurais pu en profiter pour aller jeter une oreille au « camp d’été décolonial » qui se tient dans les environs, au mois d’août. Se former à « l’antiracisme politique » entre deux balades, quoi de mieux ? Seulement voilà. Je suis blanc de peau. Je ne peux donc pas prétendre mettre les pieds dans un endroit où il faut montrer patte non blanche, vu qu’il est expressément réservé « aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’Etat en contexte français ».

Pas question de mélanger les torchons et les serviettes, les Blancs et les autres« En contexte français », comme on dit chez ces gens-là, je suis du mauvais côté de la barrière, car je n’ai pas la bonne couleur de peau. Bref, je suis victime du délit de sale gueule, à l’instar des jeunes Beurs à l’entrée de certaines boîtes de nuit. Je me heurte à un panneau virtuel où il est écrit : « Interdit aux Blancs », comme il était inscrit « Interdit aux Noirs » dans les établissements publics de l’Amérique ségrégationniste. Pour la même raison, je n’aurais pu me rendre aux rencontres organisées à l’université de Paris-VIII, où il était précisé : « Paroles non blanches ». Afin de préparer les travaux, les concepteurs de ce machin avaient décidé de constituer un « groupe de réflexion organisé en non-mixité ». Pas question de mélanger les torchons et les serviettes, les Blancs et les autres, fût-ce pour lutter de concert contre tous les racismes et toutes les exclusions. La France étant décrétée blanche, coloniale et raciste, tout Blanc est raciste et je me découvre donc raciste à l’insu de mon plein gré, ce qui fait toujours un choc.

On connaissait le réflexe identitaire d’une extrême droite qui rêve d’une France blanche. Voilà son contrepoint avec ceux qui définissent les dominés non sur une base de classe, mais en fonction de l’ethnie, de la couleur de peau, de la race supposée, du sexe, du genre ou de l’origine géographique. Cerise sur le gâteau, ces nouveaux racistes sont encouragés par des esprits sensibles qui crient au « fascisme » à la moindre gesticulation du FN, alors qu’ils encouragent de la voix et du geste les chevaux fous de l’identitarisme ethnique. On a beau être blanc, il y a de quoi être vert de rage et rouge de honte.

>> Cet éditorial est paru dans le numéro de Marianne en kiosques du 22 au 28 avril inclus.

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