Le nouvel avocat de Salah Abdeslam, Frank Berton, ne veut pas le voir comme "un fanatique"

L’avocat Frank Berton – révélé lors de l’affaire Outreau ou pour la défense de Florence Cassez – a été choisi par Salah Abdeslam pour le représenter en France. Après une rencontre de 2h30, il parle de son client comme d’un garçon « qui n’est pas un fanatique ». Son autre avocat, Sven Mary, a un regard plus désabusé sur le terroriste présumé des attentats du 13 novembre.

Drôle de début pour le nouvel avocat de Salah Abdeslam, choisi par les soins du terroriste présumé sur proposition de son autre conseil belge. Le médiatique Frank Berton, connu notamment pour avoir défendu l’un des futurs « acquittés d’Outreau », a fait le tour des médias ce 27 avril au matin affirmant que son client ne serait pas transféré en France « avant le 15 mai« . A peine deux heures plus tard, on apprenait que Salah Abdeslam… venait d’arriver en France.

Petit souci d’information ? Frank Berton, qui vient d’accepter de reprendre le dossier et de travailler avec son homologue belge Sven Mary, a raconté s’être entretenu une seule fois, et durant 2h30, le 22 avril à la maison d’arrêt de Bevere, avec Salah Abdeslam. C’est à l’issue de cette rencontre qu’il a décidé de s’occuper de la défense du survivant des commandos du 13 novembre. Il dit aujourd’hui dans les médias le faire « au nom de l’Etat de droit« , même si « ce n’est pas un choix facile« . « Nous sommes dans un Etat de droit, dans une démocratie, dans une République, la volonté qu’on a de défendre Salah Abdeslam repose sur ces fondements que chacun a le droit à une défense. » Sur cette base, l’avocat espère qu’il sera « jugé pour ce qu’il a fait et non pas pour ce qu’il représente.« 

Les mots de Frank Berton à l’égard de son client sont plutôt bienveillants : « J’ai rencontré un jeune garçon assez abattu, soucieux et désireux de s’expliquer au plus vite devant la justice française« , assure le pénaliste lillois, avant d’ajouter : « Il ne restera pas silencieux. » L’avocat parle d’une personne « assez désœuvrée qui n’a pas manifesté une radicalité de forcené » et qui n’est « pas dans une logique de revendications des gestes« . Sur Europe 1, il ajoute :

« J’ai rencontré un garçon qui n’est pas un fanatique, qui a envie de dire ce qui lui est passé par la tête et ce qu’il a fait.« 

Des propos compatissants qui tranchent avec ceux de Sven Mary. Dans une interview accordée à Libération ce mercredi, l’avocat belge dresse un portrait beaucoup plus dur du prisonnier, avec qui il s’est entretenu « sept à huit fois« . « Petit con de Molenbeek » à « l’intelligence d’un cendrier vide« . Dans le fond il a aussi exprimé une lassitude dans la défense de l’intéressé. 

Avant Abdeslam, Frank Berton a assuré la défense de Daniel Legrand dans l’affaire Outreau ou celle de Florence Cassez. Surtout, il a déjà pris la défense de Smaïn Aït Ali Belkacem, condamné pour sa participation aux attentats de 1995. Berton avait renoncé à le défendre lorsque ce dernier était revenu sur ses aveux. Sur Europe 1 ce matin, l’avocat a expliqué :

Il m’est déjà arrivé de défendre des clients dans des affaires de terrorisme et j’avais indiqué que celui que je défendais avait fait un pas vers ses juges et un pas vers ses victimes. Aujourd’hui, à partir des propos de Salah Abdeslam m’a tenu et de la conversation que nous avons eue, je crois qu’il peut faire ce pas.

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