Officiellement, Nicolas Sarkozy n’a qu’un seul costume : celui de patron du parti Les Républicains. En réalité, l’ex de l’Elysée multiplie les initiatives en sous-main pour préparer le terrain à sa candidature.
Quand on l’interroge sur sa candidature à la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy joue le tourmenté. « C’est vraiment un questionnement. Je suis un type qui réfléchit beaucoup plus que vous ne le croyez », confiait-il en février à quelques journalistes. Pourtant, une petite équipe lui bricole depuis plusieurs mois un projet en vue du scrutin. Et ces derniers temps, le dispositif militant se met en branle. Mercredi 20 avril, selon Le Parisien, une poignée de cadres Les Républicains ont reçu un mail de « La France pour la vie », du nom du micro-parti de l’ancien chef de l’Etat. « Il faut nous tenir prêts à agir dès aujourd’hui pour faire gagner Nicolas Sarkozy demain », peut-on y lire. Sous la houlette du fidèle Brice Hortefeux, son entourage a lancé des appels aux dons, mais aussi le recrutement de bénévoles. Objectif : entretenir sur le terrain une flamme bien pâlissante depuis son retour aux commandes du parti.
Les sarkozystes sont donc repartis en campagne… mais sans Nicolas Sarkozy. Car pour l’instant, l’ancien chef de l’Etat se garde bien de se déclarer. Certains de ses soutiens le pressent pourtant d’accélérer. « Le fait qu’il ne soit pas officiellement candidat complique les choses », admet un membre du premier cercle. Ce vendredi 22 avril, la Haute autorité de la primaire a mis en ligne les formulaires de parrainage que devront envoyer les élus pour soutenir leur candidat préféré – il faut 20 signatures de parlementaires pour se présenter à la primaire. Alors que François Fillon ou Bruno Le Maire brandissent fièrement des listes de soutiens, impossible pour Nicolas Sarkozy de bomber lui aussi le torse.
Alors pour calmer les impatiences, ses fidèles tentent de donner des gages. Depuis janvier, ils ont pris l’habitude de rassembler régulièrement les élus prêts à le soutenir dans une brasserie située tout près du siège du parti. Nicolas Sarkozy s’y est montré à deux reprises. La dernière fois, le sujet des parrainages est venu dans la conversation. « Ne signez pas tout de suite », leur a-t-il intimé, en demandant de faire passer le message parmi les parlementaires. Histoire d’éviter que les oiseaux, lassés d’attendre que leur champion se décide à sortir du bois, ne s’envolent rejoindre les nids concurrents…
Ses fonctions de patron du parti permettent à Sarkozy de rendre visite aux militants tous frais payés !
Pourquoi ce faux suspense ? « Il attend d’avoir nettoyé le parti », insiste l’un de ses amis, convaincu que Sarkozy a remis l’ex-UMP en ordre de marche et que cela sera porté à son crédit. « Quand on tient le parti, on ne peut pas perdre la primaire ! », a-t-il lui-même martelé devant ses troupes le 1er mars, selon des propos rapportés par Le Point. « Un parti politique est un outil indispensable pour mener une campagne. Merci, mais la politique, j’en fais depuis quarante ans. » Il est vrai qu’être le patron, ce n’est pas sans avantages… L’ex de l’Elysée peut par exemple rendre visite aux militants tous frais payés ! Selon Le Point, Nicolas Sarkozy aurait programmé une quinzaine d’autres déplacements d’ici à juin, dont un à La Réunion, dont on imagine que la facture sera plus salée qu’en Normandie… Une position d’autant plus confortable que les rivaux juppéistes n’en font pas un angle d’attaque. « On a laissé Sarkozy prendre le parti, il faut qu’on en accepte toutes les conséquences », concède, beau joueur, Benoist Apparu, l’un des porte-flingues du maire de Bordeaux.
Un communicant bien introduit à droite approuve la stratégie : « Il a tout intérêt à ne pas se déclarer. S’il part maintenant, c’est un an de campagne ! Il laisse ses rivaux se bouffer la rate et va arriver à la rentrée en se posant en sauveur. » La séquence devrait démarrer avant l’été, avec des appels prétendument spontanés à sa candidature lancés par des élus. Dans son entourage, cité par Le Parisien, on exclut toutefois toute annonce avant le 2 juillet, date du prochain conseil national de LR. La rumeur le voit plutôt se déclarer fin août, et non au cœur de l’été car « Sarkozy, il prend les vacances scolaires », rappelle, hilare, l’un de ses fidèles. Au fond de lui, il aurait déjà fixé la date, sans s’en ouvrir à ses proches. « Sarko a un calendrier qu’il est le seul à connaître. Il a les séquences en tête. Il sait où il va », assure un conseiller de l’ombre.
De quoi lever les doutes ? Jusque dans son propre camp, tout le monde s’accorde à dire que le rejet est très profond. Les sondages le donnent toujours largement distancé par Alain Juppé. Mais Sarkozy fait mine de n’en avoir cure. Lui préfère se vanter des chiffres de ventes de son livre, écoulé à 180.000 exemplaires depuis janvier. « Mon livre pulvérise tout, ce n’est pas un succès, c’est un triomphe », martèle-t-il en petit comité. « Il paraît que j’étais au cimetière, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? » Conforté par des séances de dédicaces auprès de fans en délire, Nicolas Sarkozy sait pourtant que de bonnes ventes en librairies ne se transforment pas automatiquement en bulletins de vote. Le candidat fantôme serait-il trop sûr de lui ?
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments