La CGT engage toutes ses forces contre la loi Travail

Réélu à la tête de la CGT, Philippe Martinez ne veut rien lâcher sur la loi Travail. Au côté de FO, l’organisation syndicale est même prête à mettre sur la table la « reconduction de la grève ». Les cégétistes chevronnés estimant qu’il faut à tout prix faire échec au texte de Myriam El Khomri pour décourager de futures initiatives en cas d’alternance.

Sous une pluie d’applaudissements, Philippe Martinez prend son risque. Réélu à 95,4% par les 1.000 délégués du 51ème Congrès de la CGT réunis à Marseille, le secrétaire général du premier syndicat de France, moustaches en ordre de bataille, a appelé ce vendredi 22 avril les salariés à multiplier dès le 28 avril grèves et actions décidées en assemblées générales, pour contraindre le gouvernement à retirer sa réforme du code du travail. Dans les entreprises, de nombreuses réunions devraient même, selon nos informations, mêler cégétistes et encartés Force ouvrière (FO) également dans cette croisade. Les deux organisations ont d’ailleurs prévu de défiler ensemble le 1er mai. « La question de la reconduction de la grève, nous la poserons… et ce sera plus évident à condition d’être nombreux, très nombreux pour les arrêts de travail », a scandé Philippe Martinez en clôturant son congrès.

Depuis une semaine, les médias observent d’une façon plutôt critique cette « radicalisation » de la CGT, ainsi que les rancoeurs exprimées à Marseille à l’endroit de la CFDT qui soutient le projet de loi. Cependant dans les allées du 51ème congrès plus qu’à la tribune où interviennent les plus politisés, partisans d’un syndicalisme de classe, on ressentait surtout deux choses. D’une part, l’immense frustration d’une base qui, après avoir contribué à l’élection de François Hollande, aurait apprécié que le Président et son Premier ministre Manuel Valls, en fin de mandat, remercie le peuple de ses efforts en adoucissant son sort plutôt qu’en facilitant les licenciements économiques.

D’autre part, le basculement brutal, avec les initiatives d’Emmanuel Macron notamment, du monde du travail dans les incertitudes de la campagne de la Présidentielle. Or dans la perspective d’une alternance qui verrait en 2017 le retour triomphant d’une droite radicale sur un plan social – même NKM ne voit plus d’avenir au salariat ! – les cégétistes chevronnés estiment qu’il faut à tout prix décrocher le scalp de la loi travail pour décourager …de futures initiatives. « Avec le retrait du contrat première embauche (CPE) imposé par la rue en 2006, on a été tranquille dix ans », rappelle un gradé.

La CGT et Force Ouvrière seront-ils paradoxalement aidés dans cet objectif par le Medef ? Après avoir menacé mardi 18 avril de quitter la négociation de l’assurance chômage si le gouvernement taxait davantage les contrats courts et imposait le mandatement syndical dans les TPE, Pierre Gattaz et son conseil exécutif pourraient en effet dès le 9 mai, réclamer à leur tour le retrait du projet de loi El Khomri. Au motif que le gouvernement « n’est plus en capacité politique d’imposer la première version du texte que nous avions chaleureusement soutenue », confie un de ses cadres. Le 28 avril puis le mois de mai s’annoncent donc aussi décisif et risqués pour la CGT que pour François Hollande…

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