Dans un univers en plein bouleversement, la proximité entre responsables politiques et propriétaires de médias n’a jamais aussi été présente. « Marianne » en kiosques cette semaine a enquêté sur les manœuvres en cours, à un an de la présidentielle de 2017.
A un an de la présidentielle, le petit monde médiatique est en ébullition. Dans son numéro en kiosques vendredi 22 avril, Marianne raconte les coulisses d’une lutte d’influence sans merci entre les responsables politiques qui tentent d’avancer leurs pions. Et à ce petit jeu, François Hollande est loin d’être le dernier. Les conditions de préparation de sa dernière émission sur France 2, le 14 avril – avec notamment un horaire très favorable – ont encore alimenté les soupçons de connivence entre l’Elysée et France Télévisions. Tout comme le lancement, en septembre prochain, d’une chaîne d’information publique, un projet soupçonné d’avoir été favorisé par l’Elysée pour contrecarrer l’influence de BFMTV. Depuis l’affaire Leonarda, lorsque la chaîne avait donné la parole à la jeune fille directement après l’intervention du chef de l’Etat, celui-ci est en effet en froid avec les dirigeants de BFM.
François Hollande se plaint aussi de plus en plus ouvertement que lui réserve la presse social-démocrate, notamment Le Monde, Libération ou L’Obs. « Qu’est-ce qu’ils me veulent ? C’est incroyable, les journaux de gauche attaquent la droite, mais ne soutiennent pas la gauche », confie-t-il à ses proches. En revanche, ses relations se sont réchauffées avec TF1, propriété de Martin Bouygues, qui est pourtant un ami de Nicolas Sarkozy. Il n’y a désormais « plus de problème TF1 », constate ainsi un proche du chef de l’Etat. Plus surprenant : Serge Dassault, le propriétaire du Figaro, ne dit pas non plus de mal du président. Sans doute parce que « François Hollande et le ministre de la Défense sont excellents pour la vente de nos avions » Rafale, comme il s’en est félicité en janvier…
Nicolas Sarkozy, qui s’était constitué méthodiquement un réseau de patrons et d’actionnaires dans le monde des médias en 2007, a de son côté perdu de nombreux soutiens au fil de son quinquennat. Alors, quand son ami Vincent Bolloré a mis la main sur le groupe Canal+ l’an dernier, l’ancien chef de l’Etat a laissé éclater sa joie devant ses interlocuteurs : « Ça y est, on a pris le contrôle de la chaîne ! » Pourtant, aucun socialiste n’a osé émettre de critique lorsque l’industriel a brutalement remanié Canal. Il faut dire que Vincent Bolloré a de nombreuses autres activités, notamment en Afrique, qui recoupent des intérêts stratégiques. « En fait, sur un plan personnel, il a très mal vécu l’épisode de son yacht sous le précédent quinquennat », constate l’un de ses anciens collaborateurs. « Et, en tant qu’industriel, il sait qu’il ne peut pas avoir les politiques à dos. Il soigne donc ses relations avec l’Elysée ou Matignon. » Même si François Hollande n’est pas dupe. « Il me prend pour un idiot. Il prend Maïtena Biraben au Grand Journal. Il a cru qu’il va m’avoir de cette manière parce que c’est une amie », a confié le chef de l’Etat à l’un de ses proches.
Manuel Valls aussi manque rarement une occasion de mettre la pression sur le milieu médiatique. Ancien conseiller presse de Lionel Jospin à Matignon, il connaît tout le monde et n’hésite pas à « pourrir la tête des journalistes directement », selon un confrère, qui évoque même « un rapport SM avec eux ». « Valls, quand vous l’aviez en direct, il pouvait être aussi directif qu’au moment de l’ORTF, avec des montées de testostérone très fortes », témoigne un ancien dirigeant de France Télévisions sous couvert d’anonymat. « Sarkozy envoyait ses conseillers Franck Louvrier ou Pierre Giacometti qui étaient finalement plus en rondeur. En fait, Valls croit en l’indépendance de la presse comme en l’Immaculée Conception. Il méprise la profession de journaliste. Tandis que Hollande croit en la connivence. Il a une certaine fascination pour les médias et les journalistes. »
Julien Dray, ami du président, confirme cette dernière affirmation : « François est le premier président qui aime les médias, les autres s’en méfiaient. Lui s’intéresse aux journalistes, il connaît toutes les subtilités de cet univers. » Pas sûr que ce soit suffisant pour se faire réélire à l’Elysée.
>>> Retrouvez le dossier complet de Marc Endeweld « Des médias sous influences » dans le numéro de Marianne en kiosques.
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