Alors que les parlementaires de droite et du centre pourront parrainer un candidat à la primaire à partir de ce vendredi, les poids lourds montrent les muscles à grand coup de tribunes et de listes de soutiens. Quant aux autres prétendants, ils galèrent…
« J’ai l’intention de laisser le concours de taille de zizis aux mecs ! » L’expression est signée Nathalie Kosciusko-Morizet, qui fustigeait en mars dans Le Figaro la course aux parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire de la droite. De fait, entre les prétendants au scrutin qui doit désigner en novembre le candidat de Les Républicains à la présidentielle, on se bat pour avoir la plus longue… comprendre, la plus longue liste de parlementaires rassemblés derrière son nom. Pour être sur la ligne de départ lorsque commencera la campagne officielle, fin septembre, il faut en effet réunir les signatures de 2.500 adhérents LR et 250 élus dont 20 parlementaires. Vendredi 22 avril, la Haute autorité en charge du scrutin mettra en ligne les formulaires de parrainage qui permettront aux élus de soutenir officiellement un candidat.
Mais chez les poids lourds, on n’a pas attendu cette date pour se lancer dans des démonstrations de force. François Fillon publie ainsi, ce jeudi 21 avril dans Le Figaro, une liste de 72 parlementaires prêts à suivre sa bannière. Bruno Le Maire, lui, a fait publier dès le mois de février dans Le Journal du dimanche une tribune signée par 31 parlementaires qui le soutiennent. Histoire de bien faire comprendre qu’il a intégré la cour des grands. Alain Juppé non plus n’aura aucune difficulté à franchir le seuil des parrainages nécessaires, mais lui aussi compte saisir l’occasion pour montrer l’étendue de ses troupes. Le 1er juin, il profitera du congrès des maires de France, à Paris, pour s’afficher devant les caméras avec un millier d’édiles acquis à sa cause.
Cette exhibition de muscles pourrait paraître ridicule si elle n’était pas stratégique. L’objectif pour ces « gros » candidats, c’est aussi de verrouiller un maximum de soutiens pour assécher les réserves des « petits »… et empêcher la multiplication des concurrents. « Ils essaient de nous reléguer dans le camp de ceux qui galèrent », s’agace un fidèle de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui envisage d’aller chercher les soutiens au-delà de droite : « Je connais des gens de gauche prêts à signer la charte des valeurs de la droite et du centre », passage obligé pour les parrains. Il faut dire que NKM a bien du mal à collecter ses signatures, tout comme Hervé Mariton. Le camp de Jean-François Copé martèle qu’il a ses parrainages, mais se garde bien de donner des noms. Quant aux autres candidats déclarés, Nadine Morano, Geoffroy Didier, Frédéric Lefebvre et Jacques Myard, ils n’ont aucun soutien parlementaire officiellement connu, relève L’Opinion.
Beaucoup de parlementaires ne vont soutenir personne
Le vivier n’est pas extensible : il y a au total 360 députés, sénateurs et eurodéputés LR, auxquels il faut ajouter 78 parlementaires centristes. Cela peut paraître beaucoup mais en réalité, un grand nombre est déjà aspiré par les favoris. Sans compter que d’autres ne vont soutenir… personne. « J’en vois beaucoup, même si c’est difficile à quantifier », confie le député Thierry Solère, qui préside le comité d’organisation de la primaire. Si ces élus refusent de s’engager, c’est souvent pour ne se fâcher avec aucun camp, ou ne pas froisser les susceptibilités sur leur territoire. Un député y voit aussi un effet de la guerre fratricide Copé/Fillon en 2012 : « Les élus s’étaient vraiment mobilisés et au final, tout le monde a été perdant. Ça a un peu tué le degré de mobilisation. »
Et Nicolas Sarkozy, dans tout ça ? L’ancien chef de l’Etat n’a pas déclaré sa candidature, ce qui empêche ses troupes parlementaires de le parrainer dès maintenant. Mais pour éviter de voir ces soutiens filer vers d’autres écuries, le premier cercle sarkozyste entretient la flamme en les rassemblant régulièrement dans une brasserie proche du siège du parti à Paris. En attendant que le revenant sorte du bois.
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