En Loire-Atlantique, EELV refuse d'appeler à voter PS

C’est une victoire en trompe-l’oeil. Ce dimanche 17 avril se tenait le 1er tour de l’élection législative partielle dans la 3ème circonscription de la Loire-Atlantique, à la suite du départ de Jean-Marc Ayrault de son siège de député pour rejoindre ses bureaux du Quai d’Orsay. Une élection à risque pour le PS car depuis 2012, les partielles ont majoritairement traduit un effondrement du vote socialiste. Ce dimanche, le PS reste en tête mais dévisse de 25 points par rapport à 2012.

Karine Daniel, la candidate socialiste qui reprenait le flambeau de Jean-Marc Ayrault, est donc arrivée en tête devant son adversaire LR. Ouf, ont sûrement soufflé les solfériniens. Et pourtant, le soulagement n’a dû être que de courte durée. Car en pourcentage de vote, les résultats ne sont pas très brillants pour les socialistes. Avec un taux de participation très faible d’un peu plus de 25 %, Karine Daniel obtient 30,41 % des voix devant le candidat de la droite, , qui capitalise 23,54 % de suffrages. 

Un coup dur pour le PS. En 2012, Jean-Marc Ayrault était réélu dès le 1er tour avec 56% des voix. La photo du nouveau ministre des Affaires étrangères sur les tracts de campagne aura peut-être évité la casse mais n’aura pas empêché à la candidate PS de dévisser sérieusement de près de 25 points. Autre enseignement, alors que le FN en 2012 était la troisème force, sa candidate, ce dimanche, a été reléguée à la 4ème place derrière Jean-François Tallio qui portait les couleurs d’EELV.

Des écolos qui gagnent près de 12 points par rapport à 2012. De quoi réjouir leur secrétaire national, David Cormand, l’un des tenants au sein du parti d’une ligne d’autonomisation et de rupture avec le PS.

#Circo4403 Résultats partiels 2: #PS passe de 56% en 2012 à 30. #LR de 18 à 23. #EELV de 6,2 à 17. #FN de 8 à 12. Bravo à @jf_tallio . #NDDL

— David Cormand (@DavidCormand) 17 avril 2016

Précisément celle défendue sur le terrain par le candidat EELV. Dans un communiqué publié à la suite des résultats, Jean-François Tallio refuse d’ailleurs de donner des consignes de vote en faveur du PS :

« Dans le duel de second tour entre PS et LR, nous ne pouvons soutenir ni un candidat de droite soutenu de plus par Henri Guaino ou Bruno Retailleau, ni une candidate socialiste qui agit pour un Gouvernement qui repousse le débat sur le nucléaire, qui n’abandonne pas la loi El Khomri sur le travail, les deux forces politiques s’associant au conseil régional pour voter l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes Nous ne donnons aucune consigne de vote aux électeurs qui nous ont fait confiance. » 

La candidate PS fait ainsi les frais d’une politique gouvernementale qui crispe à gauche.

Le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes voulu par Jean-Marc Ayrault et soutenu par l’exécutif n’est pas non plus étranger à cette dégringolade socialiste et à la nouvelle forme de « ni-ni » opérée par EELV. Dans deux communes limitrophes de Notre-Dame-des-Landes, l’écologiste arrive même en tête à Vigneux-de-Bretagne avec 33,53 % des voix et en deuxième position devant la candidate socialiste dans la commune de Le-Temple-de-Bretagne. 

Et il y a peu de chance que la « Belle alliance populaire » voulue par Jean-Christophe Cambadélis, réunion dans une cabine téléphonique des derniers soutiens de François Hollande, permette d’empêcher les divisions de la gauche, lourde de conséquence pour les scores électoraux du PS.