Hollande entraîne Valls dans sa chute (et vice versa)

Leurs destins semblent intimement liés. Le président de la République et son Premier ministre dégringolent dans les sondages. Et la perte de confiance vis-à-vis du premier se transmet inexorablement à l’autre.

Sous la Ve République, un Premier ministre n’existe pas en dehors du giron du président de la République. Il lui doit tout, ou presque, et surtout sa nomination. Impossible, dès lors, de s’en distinguer, sauf à démissionner comme le fit Jacques Chirac en 1976 pour contester le rôle proéminent de Valéry Giscard d’Estaing. C’est ainsi que le destin de François Hollande et de Manuel Valls sont liés, unis dans leur chute de popularité qui semble inexorable.

Son dernier passage télévisé n’a pas permis au chef de l’Etat d’inverser la tendance, lui qui – hormis quelques remontées ponctuelles – chute dans les sondages depuis 2012. L’étude Ifop pour le JDD montre même que les avis favorables ont baissé de 15 à 12% entre avant et après l’émission.

Résultat, sa cote de popularité est au plus bas depuis son élection, avec 14% d’opinions favorables. 85% des personnes interrogées se déclarent mécontentes de l’action du chef de l’Etat, 1% ne se prononçant pas !

Valls ne donne plus d’oxygène à Hollande

Et il n’est donc pas le seul à subir le mécontentement des Français. Manuel Valls ne tire plus son épingle du jeu. Il ne rehausse pas non plus Hollande dans les sondages, ni ne lui sert de bouclier comme le chef de l’Etat l’avait imaginé en nommant le ministre de l’Intérieur rue de Varenne. Avec 25% de satisfaits, le premier ministre tombe à son niveau le plus bas depuis sa nomination en avril 2014…

À l’époque, c’est-à-dire il y a deux ans seulement, il glanait 33 points de plus dans l’opinion, avec près de 58% d’opinions favorables. Une chute démentielle pour celui qui jouissait d’une aura médiatique sans précédent par rapport à Jean-Marc Ayrault, qu’il avait remplacé à Matignon après la déroute des élections municipales. En novembre dernier, 39% des Français faisaient encore confiance au Premier ministre.

Le Premier ministre est désormais irrésistiblement entraîné dans la même spirale descendante que le Président. Il ne parvient plus à faire entendre sa différence“, écrit ainsi le JDD.

Ni l’un ni l’autre ne pourront être candidats en 2017 ?

Encore plus symbolique, le divorce entre les deux têtes de l’exécutif et la gauche semble également consommé. En mars 2016, François Hollande et Manuel Valls sont passés sous la barre des 50% d’opinions favorables chez les sympathisants de gauche : 43% pour Hollande, 42% pour Valls, selon un sondage BVA.

L’institut notait à l’époque le « potentiel très limité de réélection » de Hollande en 2017 : « Les bonnes opinions étaient nettement supérieures au sujet des deux derniers présidents réélus à la même distance du scrutin présidentiel : Jacques Chirac en mars 2001 (58%) et François Mitterrand en mars 1987 (55%) ». Quelques semaines en arrière, Manuel Valls avait réitéré son soutien au chef de l’Etat en vue d’une candidature en 2017: « François Hollande est la voix de l’intérêt général. Celui qui doit incarner cette parole, c’est celui qui a été élu par les Français, qui est président et candidat, s’il le décide ».

« Le quinquennat a mal commencé. Il finira pareil. Mais Hollande peut quand même gagner. Le trou de souris est étroit. Mais à droite, c’est aussi étroit« , se rassurait un soutien de François Hollande dans Le Figaro, fin mars 2016. Si Manuel Valls rêvait quant à lui de remplacer François Hollande dans le cœur des électeurs en vue de la présidentielle, ses chances paraissent elles aussi très limitées. On appelle ça la malédiction de Matignon ?

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