Un débat enflammé durant de longues semaines puis un abandon pur et simple : sur France 2 ce jeudi 14 avril, dans « Dialogues citoyens », François Hollande a dû s’expliquer sur son revirement concernant la déchéance de nationalité.
Des semaines d’affrontements et de débats, une gauche comme une droite divisée, un président de la République qui n’y croit pas lui-même… Lors de l’émission Dialogues citoyens diffusée sur France 2 ce jeudi 14 avril, François Hollande a dit vouloir « s’expliquer » sur la catastrophique séquence de la déchéance de nationalité qui a enflammé le pays avant d’être purement et simplement annulée. Tout ça… pour ça ?
Sur le plateau de France 2, à la suite de l’intervention d’une mère dont le fils est mort en Syrie après être parti faire le djihad, François Hollande est interrogé par Léa Salamé : « Pourquoi nous avoir infligé un débat stérile sur la déchéance de nationalité ? » Le chef de l’Etat tente de rappeler l’état d’esprit post-attentat pour justifier sa décision :
« Le 13 novembre, j’étais au stade de France, j’ai entendu des bombes, je me suis rendu ensuite le plus vite possible au ministère de l’Intérieur parce qu’il y avait des massacres (…). Je me suis rendu sur les lieux, j’ai vu les corps, les blessés, j’ai vu des gens qui sortaient du Bataclan, hagares, j’ai vu ceux qui m’interrogaient de leurs yeux : ‘Qu’est ce que vous allez faire ?’ Ensuite, j’ai reçu l’ensemble des familles politiques.
Je mesure bien ce qui peut se produire après ces attentats qui créent une colère, un besoin d’une réponse symbolique et forte. Forte, je l’ai donnée à travers l’état d’urgence et un certain nombre de dispositions pour renforcer notre vigilance. J’ai ressenti aussi le besoin d’une mesure symbolique. »
Puis est venu le temps du congrès de Versailles, où l’ensemble des parlementaires auraient pu immédiatement adopter la déchéance de nationalité pour les Français convaincus de terrorisme, estime François Hollande :
« Quand je me suis exprimé devant le congrès à Versailles, tout le monde s’est levé, je n’en ai pas vu un qui ne s’est pas levé. Parce qu’on sentait bien qu’à ce moment là, le pays pouvait éclater. Il pouvait y avoir une séparation, un affrontement.
Si le texte avait été soumis au Parlement dans les semaines qui avaient suivi ce discours, ce texte aurait été adopté. »
Les dissensions par la suite, le refus d’une partie de la gauche au nom des valeurs, la crispation d’une partie de la droite… tout cela, François Hollande le résume aux « calculs politiques » qui « s’en sont mêlés ». Comme il l’avait fait lors de l’annonce de l’enterrement de la mesure, le chef de l’Etat rejette son échec sur l’opposition des parlementaires et des chefs de partis. Nicolas Sarkozy, pour ne pas le nommer :
« Je l’ai proposé parce qu’à un moment, c’était très important d’avoir cette unité. Quand j’ai vu que l’unité, hélas, pour des raisons qui tiennent à des comportements politiques sur lesquels je n’ai pas besoin de revenir, ou à des doutes qui pouvaient s’exprimer, à ce moment j’ai préféré que l’on renonce. »
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