"Sous Sarkozy, le renseignement a été un outil politique"

D’un côté Bernard Squarcini, ex-patron du renseignement intérieur, qui a fait l’objet de perquisitions le 8 avril, dont l’une le financement de la campagne de Sarkozy en 2007. De l’autre une affaire d’écoutes téléphoniques révélée par « Le Monde » et éclaboussant l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant – la DGSE a espionné son rival lors des législatives de 2012… Le tout révèle à quel point les services secrets étaient à la botte du pouvoir politique sous l’ère Sarkozy. L’ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie, David Sénat, décrypte pour « Marianne », en kiosques cette semaine, ce rôle très politique de la DCRI. Extrait.

Marianne : La création de la DCRI a-t-elle servi l’ambition politique de Nicolas Sarkozy ?

David Sénat : Le renseignement intérieur peut être une arme politique. C’est un instrument qui peut servir à éliminer des ennemis, mais aussi qui permet d’anticiper. Je m’interroge toujours sur l’intérêt d’écouter des journalistes ou des responsables politiques, y compris des hommes politique appartenant à son camp. A quoi cela peut-il servir si ce n’est à se renseigner sur le développement de possibles affaires qui donneraient lieu à des articles ou des enquêtes ? D’apprendre quels sont les projets politiques de tel ou tel ? Lorsque Nicolas Sarkozy redevient ministre de l’Intérieur, il le fait aussi parce qu’il sait que, en tant que ministre de l’Intérieur, il pourra dissiper un certain nombre de rumeurs, savoir ce qui s’écrit, se dit, ou se trame derrière son dos. A partir de là, le renseignement intérieur a été un instrument politique.

(…)

Ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie, David Sénat s’est retrouvé au coeur de l’affaire dite « des fadettes » à l’été 2010. A l’époque, Le Monde publie le contenu de l’audition de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et Nicolas Sarkozy exige que ses services identifient la taupe. C’est Bernard Squarcini, tout-puissant patron du renseignement intérieur qui va alors demander à ses agents du renseignement intérieur (DCRI, fusion de la DST et des RG) d’éplucher les fadettes – le détail des communications téléphoniques – du journaliste Gérard Davet, et identifier David Sénat parmi ses correspondants. Alors qu’il a toujours nié être l’auteur des fuites, le conseiller est immédiatement limogé par sa ministre, alors garde des Sceaux. 

Depuis, Squarcini a été condamné à une amende de 8 000 euros, reconnu coupable d’un acte illégal en invoquant à tort la sûreté de l’Etat, alors qu’il s’agissait seulement d’empêcher des fuites judiciaires dans la presse… David Sénat, lui, n’hésite pas à commenter et critiquer ce système. Il a publié La République des conseillers chez Grasset.

 

 

>> L’intégralité de cette interview est à retrouver dans Marianne en kiosques.

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