Climat de peur à Mayotte après les violences de jeunes casseurs

Depuis le dimanche 10 avril, des bandes de jeunes armés sèment la terreur à Mayotte. Des mouvements de violence qui interviennent en marge de la grève générale qui dure depuis deux semaines. De nombreux habitants n’osent plus sortir de chez eux. Témoignages.

Peur sur Mayotte. Alors que l’île est frappée par un mouvement de grève générale qui paralyse l’activité économique, à Mamoudzou, le chef-lieu du département, des bandes de jeunes font régner depuis dimanche la terreur chez les habitants de plusieurs localités (Doujani, Cavani, M’tsapéré et Passamainty). En tout, ce sont des centaines de voitures de riverains qui ont été caillassées par ces bandes. Un homme de 28 ans a également été blessé à l’arme blanche. Autant de violences qui inquiètent de plus en plus la population. Nombreux sont ceux qui n’osent plus sortir de chez eux.

« Je ne me sens pas défendue, je ne me sens pas en sécurité chez moi« , a déclaré énervée une habitante de M’tsapéré interrogée par la chaîne de télévision Mayotte 1ère, après le passage des jeunes venus de Cavani dans la nuit du 11 au 12 avril et qui ont saccagé de nombreux véhicules, pour certains à coup de briques. Une voiture a même été incendiée devant le domicile de son propriétaire à Doujani. Et ce n’est pas tout : « On nous a lancé des cailloux dans la maison. On m’a cassé le néon de ma terrasse« , a déploré la victime au micro de la chaîne locale. Ces jeunes, « au moins 150« , Amina*, une habitante de Cavani, les a vu passer devant chez elle. Contactée par Marianne, elle affirme que dans la foule, il y avait aussi « des moins jeunes« . Tous étaient « cagoulés, avec des chaînes, des couteaux, toute sorte d’armes« .

« Des gamins qui n’ont pas de repères »

Amina avoue avoir « eu un peu peur » et a « encore le bruit de l’hélicoptère (déployé par la gendarmerie ce soir-là, ndlr) dans la tête« . Si elle minimise l’impact psychologique des événements, le mal est bel et bien fait. « Depuis dimanche je ne sors plus« , reconnaît-elle. Un sentiment d’insécurité partagé par Fatima*, une habitante de M’tsapéré, la trentaine approchante et enceinte de son deuxième enfant. « Je n’ose même pas sortir de la maison. En plus comme on est deux maintenant (elle et son enfant à venir, ndlr), s’il se passe quelque chose je ne peux pas courir« . D’ailleurs ce mercredi, une rumeur a circulé dans M’tsapéré : les casseurs vont remettre le couvercle ce soir. Une rumeur prise au sérieux par Fatima qui a « enlevé les voitures par précaution« , alors que jusqu’à présent son quartier a été épargné par le vandalisme.

Ces actes sont l’œuvre de « jeunes qui profitent de la situation pour foutre la merde » selon la mère de famille. Pour elle, ce sont « des gamins qui n’ont pas de repères, qui n’ont rien à perdre« . Cette délinquance juvénile gangrène la vie des mahorais depuis quelques années. Malgré des appels répétés pour plus de moyens sécuritaires et éducatifs, dont une pétition adressée à l’Elysée qui a recueilli plus de 12.000 signatures à l’initiative du Collectif des citoyens inquiets de Mayotte, les événements des derniers jours exaspèrent au plus haut point. Les habitants menacent même de porter plainte contre le préfet pour non-assistance à personne en danger.

*les prénoms ont été modifiés

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