Alors que François Hollande s’enfonce toujours plus dans les abysses sondagiers, sa ministre de l’Education nationale s’affiche comme sa plus grande supportrice. Au point que ce mardi 12 avril sur BFMTV, son festival d’éloges frisait parfois le basculement dans un monde parallèle…
« Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là ! » Najat Vallaud-Belkacem pourrait faire sien le fameux vers de Victor Hugo. Alors que la frange des soutiens de François Hollande se réduit comme peau de chagrin, la ministre de l’Education nationale se pose résolument comme sa partisane la plus farouche. Lundi sur M6, elle s’est même un peu enflammée en annonçant avant l’heure la candidature du chef de l’Etat pour 2017. Invitée de BFMTV et RMC ce lundi 12 avril, la ministre rectifie le tir, en assurant qu’il s’agit d’un « souhait » et non d’une annonce. Mais sur le fond, elle n’en démord pas : François Hollande est le meilleur, et il doit évidemment être réélu en 2017. Un véritable festival de hollandisme, concept pourtant menacé de disparition en ces temps difficiles pour le locataire de l’Elysée…
« Oui bien sûr, je souhaite que François Hollande soit président… soit candidat », explique d’abord Najat Vallaud-Belkacem dans un joli lapsus. « J’estime que ce qu’il a fait au cours de ce quinquennat – mais sans doute les Français en jugeront mieux à la fin du quinquennat pour avoir une vision d’ensemble – aura été plus qu’utile à la France, l’aura sortie de l’ornière, l’aura préparée pour affronter l’avenir. » Et tant pis si les Français ne partagent pas tellement son avis, eux qui sont 80% à s’opposer à une candidature Hollande en 2017, selon un sondage Ifop/JDD. La ministre s’en fiche un peu, puisque les sondages, ça ne l’a « jamais intéressée », dit-elle sans rire. Et d’ailleurs, « le désamour dont semble souffrir François Hollande dans l’opinion publique (médaille d’or de l’euphémisme à l’unanimité), vous remarquerez que les partis de droite souffrent d’un désamour encore plus important. » Conclusion logique : Najat Vallaud-Belkacem pense que l’action de Hollande « mérite d’être reconduite en effet et de durer sur le long terme, donc un deuxième quinquennat serait le bienvenu. Et François Hollande me semble le plus légitime pour conduire ce deuxième quinquennat, bien sûr. » C’est mon président, ma bataille, faudrait pas qu’il s’en aille !
Le problème, c’est que la route vers la réélection s’annonce semée d’embuches. Et le premier obstacle est la primaire de la gauche, que le PS a actée samedi dernier. Mais Najat Vallaud-Belkacem n’en a cure. « Je pense que le président de la République sortant n’a pas à se présenter à une primaire, mais c’est mon avis à moi. Je pense qu’il a la légitimité institutionnelle évidente pour aller devant les électeurs », soutient-elle. D’ailleurs, « est-ce que je vois une alternative à gauche aujourd’hui à François Hollande ? » fait-elle mine de s’interroger. Suspense insoutenable. « La réponse est non », cingle-t-elle. Conséquence : tous ces ronchons de gauche qui réclament une primaire feraient mieux de « donner le maximum de force possible » à ce « président sortant qui non seulement n’a pas démérité, mais qui a fait progresser notre pays ».
Mais ne faut-il tout de même pas s’inquiéter quand les potentiels rivaux viennent des rangs même du gouvernement ? Comme Emmanuel Macron, qui a lancé la semaine dernière son propre mouvement politique… Là, Najat Vallaud-Belkacem rigole franchement. « Je pense qu’il faut être un peu sérieux », lâche celle qui « observe avec un certain amusement la saturation médiatique provoquée par le lancement de ce mouvement par Emmanuel Macron ». Ce ne serait donc qu’un épiphénomène porté par des journalistes fascinés. Venant d’une championne de la com’, on pourrait pressentir une petite pointe de jalousie. Pas le temps d’y réfléchir, la ministre achève déjà son orgueilleux collègue : « Je ne crois qu’aux démarches collectives, les démarches individuelles c’est pas mon truc. » Oui, parce que figurez-vous que « derrière François Hollande, il y a toute une équipe ». C’est d’ailleurs pour cela que Najat Vallaud-Belkacem souhaite « que la gauche soit plus rassemblée et plus forte à ses côtés ». Un ultime rappel à l’ordre à ces satanés frondeurs et autres déçus du quinquennat, qui ont le malheur de ne pas être persuadés que François Hollande a « fait progresser le pays » et « l’aura sorti de l’ornière ».
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