Initié le 31 mars, le mouvement « Nuit Debout » rassemble chaque soir des centaines, voire des milliers de personnes sur la place de la République à Paris. Les diverses revendications exprimées dans cette agora se retrouvent transcrites dans des « cahiers d’idées ». Qui témoignent du très large horizon que se donne le mouvement.
Les paroles s’envolent, les écrits restent. Chaque soir depuis le 31 mars, la place de la République se fait le théâtre d’échanges défendant des causes bien diverses. Une multitude d’idées que l’on retrouve dans « le cahier ». « Il faudra revenir vers 17 heures pour écrire sur le cahier, le temps que l’on retape les baraques ». Les installations de fortune qui jalonnent la place de la République lors des « Nuit Debout » étant détruites chaque matin par les forces de l’ordre, des dizaines de petites mains s’affairent ce jeudi 7 avril à reconstruire le décor de la veille. Afin, notamment, de protéger des gouttes les cahiers présentés à « l’accueil ». Sous une tente, ces carnets sont exposés aux passants, invités à les remplir. Pour rejoindre une « commission », recevoir l’actualité de la mobilisation, ou simplement écrire leurs « idées ».
Au fil des pages du « cahier d’idées », sont apposées des doléances, ou plutôt des « plaintes ». A l’image de ce qui s’exprime chaque soirée à la tribune improvisée des assemblées générales, le registre fourmille de messages défendant des combats hétéroclites. Contre les conditions des réfugiés, qu’il faut « protéger des contacts avec la police », parce qu’ils « risquent gros dans leurs demandes d’asile ». Contre le TAFTA, « à cause du vote qui doit intervenir bientôt au Parlement européen ». Contre François Hollande, le président qu’il faut « changer ».
Mais au-delà des doléances, ce mémoire recense principalement des « propositions » d’actions. Pour « avancer » dans ce joli foutoir, un « indigné » souhaite que chaque orateur « prépare sa parole impérativement avant l’AG ». Un certain Kevin propose de mettre au point une « application (de) démocratie collaborative ». Et suggère un « signe distinctif que tout le monde peut porter et sans connotation », pourquoi pas « un macaroni avec une épingle à nourrice »…
La diversité des « propositions » tend néanmoins à s’estomper quand il s’agit de parfaire la diffusion des supports de communication du mouvement. De nombreux indignés louent ainsi le rôle du journal 20MilleLutes, « un outil redoutable s’il est distribué par des dizaines de personnes dans toutes les stations de métro ». En plus du titre parodique, le mouvement s’est doté mercredi 6 avril d’une radio en ligne. Radio Debout émet tous les soirs entre 18 heures et minuit, afin de diffuser le contenu des AG.
A Paris ne manquez pas la dernière édition de #20milleluttes ! #NuitDebout @20Minutes pic.twitter.com/1ij0dCiglZ
— Nuit Debout (@nuitdebout) 31 mars 2016
Pour porter leur mouvement, les indignés ne manquent pas de créativité, quitte à se disperser. L’un d’eux suggère de parer « chaque pont du périf » de « banderoles » aux couleurs de « Nuit Debout ». Un autre d’organiser une « manif à l’Elysée ». Ou encore de « distribuer un appel à la résistance dans les commissariats »… Des projets ambitieux qui en rejoignent d’autres, artistiques. Défendant des modes d’expression différents, un anonyme propose des « ateliers d’écriture », « de la poésie (récitée) sur mégaphone », ou « de la danse ». Un ballet d’idées qui attendent encore de se concrétiser efficacement.
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