"PD", pas homophobe ? la ministre du Travail dénonce la décision des prud'hommes

Un employé licencié d’un salon de coiffure a attaqué sa patronne qui l’avait insulté de « PD » mais le Conseil des prud’hommes n’a pas jugé cela homophobe. Ce vendredi 8 avril, la ministre du Travail Myriam El Khomri a joint sa voix au tollé que ce jugement a provoqué sur les réseaux sociaux.

« Je trouve cela profondément scandaleux (…), choquant« . Les propos sont signés de la ministre du Travail Myriam El Khomri, qui commentait ce vendredi 8 avril sur RTL la décision rendue par le Conseil des prud’hommes de Paris dans une affaire de licenciement abusif pour propos homophobe.

L’histoire commence en octobre 2014, lorsqu’un employé d’un salon de coiffure saisit les prud’hommes après la rupture de sa période d’essai, qu’il juge abusive. En effet, la veille, alors qu’il était absent car souffrant, il a reçu par erreur ce SMS de sa patronne : « Je ne le garde pas. Je ne le sens pas ce mec. C’est un PD, ils font tous des coups de putes«  (sic). Le lendemain, l’auteure du message met fin à sa période d’essai.

S’estimant victime de discrimination liée à son orientation sexuelle et très affecté psychologiquement, le jeune homme était soutenu par le Défenseur des droits, qui estimait qu’il y avait bien eu discrimination.

« Le terme PD employé par la manager ne peut être retenu comme propos homophobe »

Les mots utilisés ne laissent a priori pas de place au doute. Mais le Conseil des prud’hommes de Paris en a jugé autrement car selon lui, « il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes« . Par conséquent, « en se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le Conseil considère le terme ‘PD’ employé par la manager ne peut être retenu comme propos homophobe« . Estimant donc que « l’employeur n’a pas fait preuve de discrimination (…) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés« , le Conseil a simplement accordé à l’employé 5.000 euros au titre du préjudice moral.

Le jugement, présenté aux associations LGBT par le Défenseur des droits jeudi, puis relayé sur Twitter par un journaliste de « Aides » avant d’être repris par metronews, a suscité un grand nombre de réactions d’incompréhension et d’indignation. « Le jeune homme a fait appel et le Défenseur des droits reprendra une décision d’observation devant la cour d’appel en n’oubliant pas de faire des commentaires sur le libellé du jugement« , a indiqué à l’AFP Slimane Laoufi, chef du pole Emploi privé au Défenseur des droits. « Écrire ça dans un jugement c’est quand même assez fort, a-t-il poursuivi. Je ne comprends pas comment dans une décision de justice, on puisse en référer a des stéréotypes et des préjugés ».

T’es coiffeur, te faire traiter de « PD » c’est OK parce que, les coiffeurs sont souvent gays hein. Merci le tribunal. pic.twitter.com/orUcZDr522

— Mathieu Brancourt (@MBrancourt) 7 avril 2016

Que dit la loi sur les insultes homophobes ?
La loi est très claire sur le sujet : les insultes homophobes peuvent être punies, au même titre que les insultes racistes, antisémites et sexistes, de 6 mois de prison et de 22.500 euros d’amende.

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