Alors que « Nuit Debout » réunit toujours plus de personnes à Paris et dans des villes en province, des opposants à la loi Travail – à l’origine du mouvement sur la place de la République – s’inquiètent d’une disparition de leur combat au milieu des autres revendications.
« L’étincelle ». C’est ainsi que l’un des derniers orateurs de la « Nuit Debout » de ce mardi a qualifié la mobilisation contre le projet de loi Travail. Une soirée au cours de laquelle des milliers de personnes se sont réunies place de la République pour « élargir et généraliser le mouvement social ». Ces derniers soirs, sur la place parisienne, la loi Travail n’était plus ce totem qui avait lancé le 9 mars « Nuit Debout », mais une rampe de lancement pour des revendications plus globales… et plus floues aussi.
« La loi Travail n’est qu’un prétexte pour nous », reprennent plusieurs intervenants lors de l’AG nocturne de mardi, sous les applaudissements nourris de l’auditoire. Certains considèrent « ne plus rien revendiquer, seulement changer le système« . Andrea, 25 ans, poursuit sans prendre de pincettes : « A vrai dire, on s’en fout de la loi Travail. On en a juste marre d’être pris pour des cons ».
« On s’en fout de la loi Travail »Une dissolution du mouvement anti-loi Travail dans « Nuit Debout » pourrait-elle démobiliser ses opposants de la première heure ? Présent ce mardi place de la République, Marc précise que « les militants de ‘Nuit Debout’ étaient souvent les plus impliqués dans le mouvement contre la loi Travail ». Le salarié, âgé de 36 ans, s’inquiète que ceux-ci, en « investissant trop de leur temps » pour « Nuit Debout », « n’affaiblissent la mobilisation » contre la loi Travail. Il est rejoint en ce sens par Jonathan, étudiant en cinéma à Paris 8, qui estime « regrettable » que l’on ne voit « plus les mêmes têtes à la manifestation contre la loi El Khomri et, ici, à ‘Nuit Debout' ».
Sur le parvis de la place de la République, certains tentent – tant bien que mal – de rappeler que la loi Travail est « le dénominateur premier au mouvement de ‘Nuit Debout' ». Les mots de Tariq, l’un des étudiants de Paris 1 les plus investis dans la mobilisation contre la réforme portée par Myriam El Khomri, rejoignent ceux de Malika, 55 ans, qui défend « la nécessité d’obtenir d’abord le retrait de la loi Travail ».
En mettant sur un même pied le mouvement contre la loi Travail et toutes les autres luttes, la « Nuit Debout » pourrait bien se tirer une balle dans le pied. « Si nous n’obtenons pas le retrait de la loi Travail, c’est tout le mouvement qui va s’effondrer », prévient Marc. Et de résumer : « La convergence des luttes doit se faire, mais sans phagocyter le mouvement social »…
Ce soir-là, les discussions auront tourné autour des conditions des réfugiés et des sans-papiers, la cause animale, le droit au logement, les violences policières, mais aussi la reconnaissance de la langue des signes, défendue par plusieurs personnes sourdes… La loi Travail, elle, se fait doucement oublier.
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