"Panama Papers" : la rue islandaise chasse son Premier ministre

Les « Panama Papers » dévoilés cette semaine font apparaître les activités offshore de plusieurs chefs d’Etats et de gouvernement en activité. Lesquels avancent pour leur défense des arguments plus ou moins convaincants… Le Premier ministre islandais, lui, a été poussé par la rue à la démission ce 5 avril.

  • Islande : le Premier ministre chassé par la rue

Les Islandais sont massivement en colère. Parmi les noms révélés dans le scandale des « Panama Papers », il n’y a ni plus ni moins que celui de leur Premier ministre, Sigmundur Davio Gunnlaugsson. Lundi, 8.000 à 22.000 personnes sont descendues manifester devant le Parlement en lançant des bananes et du fromage blanc contre la façade du bâtiment. Ce qui, sur cette île qui ne compte que 329.000 habitants, représente une manifestation monstre.

Les Islandais reprochent à leur chef de gouvernement de ne pas avoir déclaré sa société Wintris Inc., une entreprise offshore basée dans les Iles Vierges britanniques. Des mensonges et des manipulations fiscales qui passent d’autant moins que le pays a terriblement souffert de la crise des subprimes en 2008, qui a mis l’économie à genou.

Lundi, Sigmundur Davio Gunnlaugsson a tenté de tenir, en affirmant à la télévision : « Je ne démissionnerai pas à cause de cela« . Ce mardi 5 avril, il a tenté de dissoudre l’Assemblée mais s’est heurté au refus du Président, revenu précipitamment des Etats-Unis.

Finalement, il n’a eu d’autre choix que de démissionner, après moins de 48 heures de pression populaire.

 

  • En Argentine, le président propulsé directeur d’une société offshore par son père

En Argentine, le président Mauricio Macri est aussi mêlé au scandale « Panama Papers ». Les révélations dans la presse ont montré l’existence d’une société offshore dans les Bahamas, dont les registres contiennent les noms du chef de l’Etat et celui de son père, Franco Macri. « [Elle] avait été créée pour investir au Brésil (…). Finalement l’investissement ne s’est pas fait. J’avais été inscrit comme directeur par mon père en 1998. Elle a cessé d’exister en 2008, car l’investissement ne s’est pas fait« , s’est défendu à la télévision argentine le président. Selon lui, il n’y a « rien de bizarre dans cette opération« .

 

  • La société offshore du père de David Cameron

La famille et le père toujours, mais au Royaume-Uni. En effet, Ian Cameron, le père du Premier ministre britannique, a également créé en 1980 une société offshore enregistrée au Panama et basée aux Bahamas. Or depuis sa création, ce fonds d’investissement n’a payé aucun impôt au Royaume-Uni. Si Ian Cameron est décédé en 2010, Le Monde nous apprend que « le fonds existe toujours aujourd’hui et gère plus de 31 millions de dollars« . Au sujet de l’entreprise, le porte-parole de David Cameron a évoqué « une affaire privée« . Mais en Une ce mardi, le Daily Mirror s’interroge et, surtout, met la pression sur le chef du gouvernement : « Donc, (Monsieur le) Premier ministre, avez-vous toujours de l’argent familial planqué dans un refuge à impôts ?« 

 

  • La Russie et le « complot Panama Papers »

Pour les Russes, les révélations sur l’implication d’un proche de Vladimir Poutine dans l’affaire « Panama Papers » relèvent du complot. Selon le Kremlin, « il n’y a pas de détails, et tout le reste se base sur des spéculations« . Son porte-parole Dmitri Peskov charge les médias et voit carrément certains journalistes comme d’anciens espions : « Nous connaissons bien cette soi-disant communauté journalistique. Il y a parmi eux de nombreux journalistes dont le journalisme n’est pas l’activité principale. Beaucoup sont d’anciens employés du département d’Etat, de la CIA, d’autres services secrets« . Des paroles d’un autre temps, qui rappellent la guerre froide.

 

  • Le président ukrainien s’érige en modèle

C’est celui qui ne se cache pas. Le Président ukrainien Petro Porochencko, élu en mai 2014, a fait domicilier une société offshore par Mossack Fonseca dans les Iles Vierges britanniques. Les documents obtenus par l’ICIJ ont montré que l’entreprise, appelée Prime Asset Partners Limited, ne mentionne qu’une personne comme actionnaire : Petro Porochenko. Pourtant, cela n’empêche pas le Président de se positionner en modèle d’intégrité dans un communiqué sur sa page Facebook. « Je crois que je suis peut-être le premier haut-fonctionnaire en Ukraine qui traite la déclaration de sociétés, le paiement des impôts et les problèmes de conflits d’intérêts sérieusement, dans le respect des lois ukrainiennes et internationales« , a-t-il écrit sur le réseau social. Mais Le Monde nous apprend qu’en 2014, l’année de la création de la société, « le président avait laissé vide la case ‘revenus provenant de l’étranger’« .

 

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