Le Venezuela est l’un des pays les plus cités dans l’affaire d’évasion fiscale « Panama Papers ». Les noms d’anciens hauts dignitaires ou d’anciens responsables du pétrolier d’Etat PDVSA, proches de feu Hugo Chavez, apparaissent en effet dans les documents publiés par la presse. En mars 2014, sous le coup de la colère, un membre du gouvernement panaméen donnait déjà quelques indices de l’ampleur de la fraude en déclarant publiquement que le pouvoir chaviste avait régulièrement eu recours « aux services de banques (panaméennes) pour occulter l’existence de ses fortunes ». Retour sur un épisode qui prend aujourd’hui une nouvelle tournure.
>>> Une version de cet article est parue le 12 mars 2014
La scène se passe en mars 2014. A la télévision panaméenne, sur la chaîne Telemetro, un membre du gouvernement du Panama, Roberto Henríquez, menace le président du Venezuela, Nicolas Maduro. A l’époque, les deux pays ont rompu toute relation diplomatique : le Venezuela a peu apprécié que son homologue panaméen sollicite une réunion de crise auprès de l’Organisation des Etats américains, l’OEA, en raison des manifestations anti-gouvernementales sans précédent qui secouent alors Caracas.
« On ne permettra à personne » (…) surtout pas à un « laquais des Etats-Unis »** (…) de s’en prendre à notre patrie », avait ainsi déclaré Nicolas Maduro le 5 mars 2014, lors d’une allocution prononcée au Cuartel de la Montaña, la caserne où gît le corps du leader Hugo Chavez, à l’occasion des commémorations célébrant le premier anniversaire de la mort de ce dernier.
Un « langage grossier » qui n’avait pas vraiment été du goût des responsables panaméens. « De quel droit [Maduro] parle de corruption quand il a eu recours aux services de banques [panaméennes] pour occulter l’existence de fortunes (chavistes) ?« , renchérissait en effet le ministre du Panama sur le plateau de Telemetro.
Si l’empoignade par médias interposés a aussitôt été oubliée, – les deux voisins ont renoué quatre mois plus tard lors de l’accession au pouvoir du nouveau président panaméen Juan Carlos Varela – elle prend aujourd’hui, à la lumière du scandale d’évasion fiscale « Panama Papers », un nouveau visage.
En 2014, deux ans donc avant ces révélations, le ministre panaméen Roberto Henríquez évoquait déjà l’ampleur de la fraude. « Ce caballero [Nicolas Maduro] disait-il, a mis le Venezuela au service d’un petit groupe, dont il tire ses soutiens, qui contrôle le pays et possède les armes. Une grande part [leur] argent se trouve dans les banques au Panama. » (…) « Ils ont pillé leur pays« .
« Est-on en train de parler de blanchiment d’argent ?« , lui demande le journaliste. « Ce que je peux dire c’est que les chavistes ont détourné beaucoup d’argent…« , concluait le très bavard Roberto Henríquez, beaucoup moins prolixe en revanche sur la propre responsabilité de son pays…
**Rappelons que les Etats Unis sont le premier partenaire commercial du Venezuela, qui y a exporté à hauteur de 374 millions de dollars et importé pour 8760 millions de dollars en 2013 selon l’Institut National de Statistiques vénézuelien, l’INE.
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