« Le Monde » a prévenu : demain, les « Panama papers » feront des révélations sur un parti politique français. Un proche de Marine Le Pen vient donc de monter au front pour « s’auto-outer ».
C’est la seconde bombe attendue pour demain, mardi 5 avril. Le Monde doit poursuivre ses révélations dans l’enquête dite des « Panama papers » en dévoilant le nom d’un parti politique français impliqué dans des activités offshore. Peu après 17 heures ce lundi 4 avril, Frédéric Chatillon, ancien leader du GUD, proche de Marine Le Pen et fondateur de l’agence de com’ Riwal — elle-même prestataire de services pour le Front national — a publié un billet sur Facebook pour… « s’auto-outer ».
L’homme y explique qu’il pense avoir « les honneurs du ‘Monde‘ » mardi car il a été « interrogé il y a quelques semaines par deux journalistes » à propos « des investissements [qu’il] avait pu réaliser en Asie« . Afin d’attirer la lumière sur lui, plutôt que sur le FN, et de déminer l’information avant qu’elle ne sorte, Chatillon — déjà mis en examen dans le cadre du financement de la campagne de Marine Le Pen en 2012 — livre sa version des faits avec force détails.
Il explique ainsi avoir décidé « d’investir [pour sa société « Unanime »] en Asie à l’automne 2012 » et d’utiliser « une structure juridique en Asie« . Jusqu’ici, rien à voir avec le Panama. Puis, des « conseils juridiques locaux » lui auraient conseillé de « racheter une structure juridique prééxistante » plutôt que « de créer une société ad hoc« . Il s’exécute. La structure juridique prééxistante, du nom de « Time Dragon », se trouve alors être détenue par « une BVI » du nom de « Harson ». Une « BVI », mais qu’est-ce donc ? Chatillon ne s’étend pas sur le sujet, hormis un petit post-scriptum en fin de billet précisant « British Virgin Island ». La boîte qui détient sa structure juridique n’est autre qu’une société des îles vierges britanniques, paradis fiscal s’il en est. Une société elle-même créée par… le cabinet Mossack Fonseca, que l’on retrouve au coeur du scandale « Panama papers », spécialisé dans la gestion de comptes en banque par la création de sociétés offshore.
« Mais nous n’avons jamais eu de contact direct avec celui-ci« , démine Frédéric Chatillon, car « tout était géré par un cabinet Hong-Kongais« . Il assure ensuite que la BVI Harson a été « dissoute courante 2014, n’ayant plus d’utilité » : « La BVI Harson n’a jamais eu de compte en banque et a uniquement servi à porter les parts de la société Time Dragon pendant six mois. » Enfin, Chatillon estime que ces données ont déjà été évoquées dans « l’affaire Jeanne » (du nom du micro-parti qui finance le FN), pour laquelle il est mis en examen. Circulez donc, il n’y aurait rien à voir.
Pendant que Frédéric Chatillon s’outait pour déminer la bombe, le FN a pour sa part publié un communiqué afin de… relativiser les révélations du Monde :
« Les prétendues « révélations » autour du scandale des « Panama papers » n’ont fondamentalement rien de nouveau et sont symptomatiques des vices d’un système qui porte un nom bien connu : la mondialisation sauvage. »
« Des prétendues révélations » qui n’auraient « fondamentalement rien de nouveau« … Faut-il y voir des éléments de langage préparatifs ?
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