Le patron du MoDem a pris position ce lundi 4 avril sur la polémique autour de la « mode islamique » et, plus largement, dans le débat initié par Elisabeth Badinter sur la laïcité et l’islam. En tous points, François Bayrou s’oppose à la philosophe.
Il ne sera pas de ceux appelant au boycott des enseignes qui « surfent » sur la mode islamique, à l’image de H&M ou d’Uniqlo. Invité de BFM et RMC ce lundi 4 avril, François Bayrou a expliqué ne « pas comprendre la polémique« actuelle autour de ces vêtements qui cachent le corps et le visage des femmes. Au contraire, il voit même là une possibilité « d’ouverture« , d’une « autre manière de voir les choses« …
Samedi, Elisabeth Badinter a enjoint les femmes de boycotter les marques en question. L’avant-veille, c’est la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol qui pointait leur « irresponsabilité« . Le leader centriste s’oppose à l’une comme à l’autre :
« Il y a des moments où j’ai l’impression qu’en Occident, nous ne regardons que nous-mêmes. Il y a des centaines de millions de femmes dans le monde qui vivent selon les coutumes qu’on appelle l’islam, ou islamique – je ne sais pas si les deux mots on le même sens. Elles vivent comme ça dans leurs sociétés à elles. Eh bien, que la mode s’y intéresse, comment voulez-vous que ça ne soit pas le cas ?Du fait que la mode s’y intéresse, peut-être y a-t-il une ouverture, une autre manière de voir les choses ? Quelque chose qui n’est plus seulement dans l’enfermement ? Moi, c’est une polémique que je ne comprends pas bien. »
Le patron du MoDem se demande même si « on peut depuis chez nous, faire la loi pour d’autres sociétés que les nôtres ? », semblant occulter le fait que la polémique tourne actuellement autour de la perpective d’une importation de cette « mode islamique » en Occident, voire en France. Il dit également ne pas comprendre Laurence Rossignol lorsqu’elle dénonce « l’irresponsabilité » de ces marques.
Dans la foulée, François Bayrou est interrogé sur les propos d’Elisabeth Badinter et le risque permanent d’être « traité d’islamophobe« . Et là encore, il s’oppose à la philosophe :
« Je ne sais pas si on se rend compte ce que ce genre de phrase a comme signification pour des croyants sincères. (…) Cela débouche sur quoi, ‘je suis islamophobe’ ? Cela débouche sur les guerres de religion, c’est ce que veulent les extrémistes !«
Mi-janvier, la philosophe avait appelé à défendre la laïcité coûte que coûte par cette formule, qui ne cesse depuis d’être déformée et de faire polémique : « Il faut s’accrocher et il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe, qui a été pendant pas mal d’années le stop absolu, l’interdiction de parler et presque la suspicion sur la laïcité. » Elisabeth Badinter s’en est expliquée de nouveau samedi dans une interview au Monde, affirmant :
« Etre traité d’islamophobe est un opprobre, une arme que les islamo-gauchistes ont offerte aux extrémistes. Taxer d’islamophobie ceux qui ont le courage de dire : ‘Nous voulons que les lois de la République s’appliquent à tous et d’abord à toutes ’ est une infamie. »
Concernant le cas Air France, dont certaines salariées refusent la perspective de devoir porter le voile quand la liaison Paris-Téhéran reprendra le 17 avril, François Bayrou a déclaré : « C’est très simple, la loi elle s’impose à tous ceux qui vivent sur le sol et, quand ce ne sont pas des lois attentatoires aux droits humains, on les respecte« . En revanche, le centriste a soutenu la revendication des syndicats, qui réclament que les hôtesses puissent refuser de se rendre en Iran : « Je suis absolument sûr que sur la base du volontariat, on trouvera suffisamment d’hôtesses pour aller à Téhéran« .
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