Un énorme bloc de béton de 500 tonnes s’est écrasé sur une centrale nucléaire en Seine-Maritime le 31 avril. Plus de peur que de mal pour un incident dont les conséquences auraient pu être dramatiques… et qu’EDF n’avait pas jugé bon d’anticiper lors de la conception du site.
Un peu comme avec chaque incident mineur ou accident grave dans le secteur nucléaire, cela n’aurait pas dû arriver. Et pourtant. Jeudi 31 avril, un générateur de vapeur usagé de la centrale nucléaire de Paluel, en Seine-Maritime, a basculé pendant sa manutention, au cours d’une opération de maintenance. Haut de 22 mètres et pesant 500 tonnes, le générateur a terminé sa chute en position horizontale, « en partie sur le béton du bâtiment du réacteur, et en partie sur les plateaux de protection de la piscine du bâtiment qui ont pour certains été endommagés », précise l’Autorité de sécurité nucléaire (ASN). Heureusement, le « réacteur 2 » concerné, en maintenance, était déchargé de son combustible nucléaire.
Le scenario « impossible »…
Fâcheux, très fâcheux tout de même, quand on sait qu’EDF n’avait pas jugé bon de considérer ce risque comme plausible au moment de la conception de ce site nucléaire. « Lors de la conception des réacteurs, dans les années 1990, l’IRSN a souhaité que le scénario de la chute d’un générateur de vapeur soit explicitement pris en compte afin de démontrer que cela n’aurait pas de conséquences sur le bâtiment, rappelle au JDD Jacques Repussard, directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (ISRN). Mais EDF n’a pas donné suite, considérant qu’un tel scenario était impossible, les matériels de manutention étant justement conçus pour qu’un tel événement n’arrive jamais ».
Tout va très bien, madame la Marquise
EDF peut bien rassurer l’opinion en assurant que « l’évènement n’a eu aucun impact, ni sur la sûreté des installations, ni sur l’environnement », l’accident fait tache. Le réseau Sortir du nucléaire voit ainsi ces travaux de maintenance « prévus par EDF sur l’ensemble du parc nucléaire français » comme « une impasse dangereuse et inutile et une pure opération de communication destinée à faire croire à la possibilité de prolonger le fonctionnement des réacteurs ». Chaque année, des incidents plus ou moins graves viennent contredire les tenants de la fable du nucléaire sûr et pérenne. Mais la France compte bien rester leader d’une industrie de pointe aux intérêts financiers et géopolitiques inestimables.
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