Arrêté à Boulogne-Billancourt la semaine dernière et mis en examen pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », Reda Kriket, un Français de 34 ans, soupçonné de préparer un attentat en France depuis un appartement d’Argenteuil, continue de brouiller les pistes, selon les procès verbaux de ses auditions auxquels a eu accès TF1.
Aux enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), il avoue ne pas « réaliser. » Mis en examen pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » mercredi 30 mars, après six jours de garde à vue, Reda Kriket, un Français de 34 ans soupçonné de projeter un attentat « imminent » en France, tient d’emblée « à préciser qu’[il] n’a rien à voir » avec les terroristes de Paris et de Bruxelles.
Il a toutefois gravité autour de la même filière djihadiste que le coordinateur présumé des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud : la filière Zerkani, du nom d’un prédicateur bruxellois de 42 ans. Reda Kriket est d’ailleurs, à ce titre, activement recherché par les autorités belges comme il le reconnaîtra lui-même lors de ses premiers interrogatoires.
« Wanted » et suffisamment lucide, l’intéressé, arrêté à Boulogne-Billancourt dans la banlieue parisienne, continue de brouiller les pistes selon TF1, qui a eu accès aux procès verbaux des auditions, malgré de nombreuses contradictions et l’important arsenal retrouvé dans la planque qu’il loue, en argent liquide et sous un faux nom, à Argenteuil, dans le Val d’Oise, depuis la fin de l’été 2015.
« C’est un matériel de fou ce qu’il y avait dans cet appartement », déclare-t-il en effet rapidement devant les enquêteurs. Le procureur François Molins en a précisément donné, lors d’une conférence de presse cette semaine, le détail.
Outre les « trois bouteilles d’eau oxygénée », de « l’acétone », un « tupperware contenant 105 grammes de TATP » (le type explosif récemment utilisé par Daech ndlr), « deux bidons contenant de l’acide », les « récipients », « thermomètres », « doseurs », « seringues », mais aussi, dissimulées dans un coffre-fort, les « six fioles de glycérine acide » et le kilogramme « d’explosif industriel », les enquêteurs ont retrouvé « cinq fusils d’assaut de type Kalachnikov et leurs chargeurs », « cinq passeports volés », ainsi que « sept armes de poing », un « pistolet mitrailleur » et de « très nombreuses munitions ».
Interrogé sur la finalité de ce nécessaire, Reda Kriket, a choisi d’évoquer la piste du grand banditisme. « Beaucoup de choses devaient servir au banditisme (…) La grande majorité des armes viennent d’un vol (…) Tout ce que je sais c’est que la poudre devait servir à faire des détonateurs. Pour le reste, je ne sais pas », explique-t-il de fait avant de revenir sur l’existence d’un étrange commanditaire, loin des « modèles » corses qu’il dit pourtant admirer.
Ainsi, si les armes et les explosifs devaient servir au grand banditisme, c’est un « Libyen », « de plus de cinquante ans », un certain Abou Badr (un nom de guerre) qui ne parlerait « pas bien le français » et qui se trouverait actuellement « en Syrie » qui aurait supervisé la livraison de l’arsenal dans l’appartement, toujours selon Reda Kriket.
« Je sais que quand les bidons et les produits chimiques sont arrivés », Abou Badr, qu’il aurait connu par l’intermédiaire d’un » frère belge » (…) « passait dans l’appartement » poursuit-il, et qu’il était « tout le temps avec une deuxième personne ». Sur place, dans la cache d’Argenteuil, à part « deux bidons d’acide », trois « trucs tout prêts » dont « un explosif », tout aurait été « confectionné » (…) « en même temps que la livraison des armes. » Mais Abou Badr, qui « ne parlait de rien », lui disait « de ne pas poser de questions ». « Comme il était d’un certain âge, (…) et qu’il avait « un certain charisme » (…) « je n’en posais pas » assure bientôt Reda Kriket.
A ses dires, lui qui se présente comme un simple vendeur de « bibelots, de bijoux anciens » sur les marchés bruxellois, n’aurait donc eu aucune visée terroriste. Il était seulement « intéressé par les explosifs » car il était « fasciné par Antonio Ferrara » [un braqueur français condamné à plusieurs reprises pour des attaques de fourgons]. Comment expliquer alors son séjour en Turquie de septembre 2014 à janvier 2015 ? C’est bien simple. Reda Kriket serait parti pour rejoindre son ex-compagne d’origine turque mais aussi pour « s’occuper d’un chat trouvé sur place » (…) et « soigner ses dents… »
Il restera en revanche muet quant à ses éventuels liens avec d’autres membres de la galaxie djhadiste française, parmi lesquels Anis Bahri, interpellé à Rotterdam la semaine dernière et dont les empreintes ont été trouvées dans l’appartement d’Argenteuil. Liens également avec Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats du 13 novembre, tous deux ayant été condamnés en leur absence l’an passé à Bruxelles dans un procès de filière djihadiste vers la Syrie.
Reda Kriket, loin de dissiper les soupçons, laisse planer le doute. Une ambiguité qu’il résume notamment en qualifiant les soldats de Daech de « gens valeureux » mais dont il ne « cautionne » pas les actes…
Article actualisé à 13h30
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