Le jeune soldat franco-israélien qui a tué le 24 mars à Hébron, en Cisjordanie, un agresseur palestinien qui gisait au sol après avoir été neutralisé, a été remis en liberté ce jeudi 31 mars. Dénonçant « l’impunité » dont jouiraient les soldats israéliens, des voix s’élèvent pour que celui-ci soit jugé en France.
Le soldat franco-israélien de 19 ans qui a tué à bout portant d’un tir dans la tête, jeudi 24 mars à Hébron (Cisjordanie), un agresseur palestinien qui gisait au sol, sera-t-il jugé en France ? C’est ce que demande notamment un diplomate palestinien, Majed Bamya (en poste à Ramallah), qui dénonce « l’impunité » qu’accorderait Israël à ses soldats : « Ce que les Palestiniens demandent aujourd’hui c’est de (…) [s’]assurer que les mécanismes de justice, y compris en France, soient ouverts ». Présenté devant un tribunal militaire dans l’ouest d’Israël, le jeune soldat, dont l’identité est « frappée de censure » selon France 24, a été remis en liberté ce jeudi 31 mars.
Théoriquement, la France pourrait légalement condamner le militaire du fait de sa double nationalité franco-israélienne mais, relève La Croix, « il semble peu probable qu’elle demande son extradition ». « Cela distendrait très fortement ses relations diplomatiques avec Israël », analyse un avocat spécialiste de la justice internationale et président de la Coalition française pour la Cour pénale internationale (CPI) cité par le quotidien.
Selon Adoram Rigler, le lieutenant-colonel qui représente le parquet militaire, la recrue, enroulée depuis deux ans dans l’armée israélienne, a ouvert le feu « intentionnellement et sans aucune nécessité ». Arrivé en renfort quelques minutes après l’agression, il aurait confié d’après la presse israélienne que l’agresseur, qui avait été neutralisé après avoir tenté de poignarder un soldat, « méritait de mourir ». Pour les avocats de la défense, leur client redoutait toutefois la présence sur le Palestinien d’une ceinture d’explosifs. « Des vérifications à ce sujet avaient déjà été faites », précise cependant le Monde. Depuis une semaine, et la diffusion de la vidéo de l’exécution par B’Tselem, une ONG de défense des droits de l’Homme, l’affaire divise Israël.
Un sondage de la deuxième chaîne de télévision du pays révèle notamment que 57% des Israéliens sont opposés à des poursuites contre le soldat. 32% y sont quant à eux favorables. Au sommet de l’Etat, si le Premier ministre Benjamin Netanyahu a estimé que l’acte du jeune soldat ne « reflétait pas les valeurs de l’armée », il a été désavoué par Naftali Bennett, le ministre de l’Education issu du parti nationaliste religieux HaBayit HaYehudi (Le Foyer juif). Pour ce dernier, il est au contraire « ridicule que [le soldat] soit accusé de meurtre ».
Suivant un décompte de l’armée, il y aurait eu depuis le 1er octobre « 162 attaques palestiniennes en Cisjordanie, et 201 à Jérusalem et dans l’ensemble d’Israël ». L’ONG Amnesty International fait quant à elle état de plusieurs affaires « similaires » (…) « d’exécutions extrajudiciaires », commises « par le passé » par « les forces israéliennes ». Une situation qui, à l’approche de la Pâque juive, le 23 avril prochain, « période traditionnellement marquée par un regain de violences autour des lieux saints », rappelle Le Monde, a de quoi inquiéter…
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