Florence Hartmann, détenue avec ceux qu'elle a aidé à mettre en prison, enfin libérée

La journaliste et ancienne porte-parole du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), Florence Hartmann, a été arrêtée jeudi 24 mars pour une condamnation datant de 2009. Elle a été détenue dans une cellule du TPIY avant d’être libérée ce mardi.

Après six jours passés dans une cellule du centre de détention du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), Florence Hartmann doit être libérée ce mardi. « Elle est en train de préparer ses affaires. Elle se réjouit de retrouver ses enfants et sa famille« , a déclaré son avocat à l’AFP. La fin d’un calvaire commencé jeudi 24 mars 2015.

Après une première condamnation en 2009 par ce tribunal international à 7.000 euros pour outrage à la cour, commuée en appel en 2011 à sept jours de prison, Florence Hartmann avait été arrêtée le 24 mars alors qu’elle manifestait… devant le tribunal à La Haye. Ce jour-là, alors que le verdict du procès de Radovan Karadzic – l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie – devait être rendu, celle qui était porte-parole du TPIY entre 2000 et 2006 attendait devant le palais avec les familles des victimes. C’est le moment choisi par les gardes de sécurité du tribunal pour l’interpeller. Elle était détenue au même endroit que les criminels de guerre, ceux-là même qu’elle avait aidé à placer derrière les barreaux.

Mais quel est donc ce délit qui a amené l’ancienne correspondante du Monde, spécialiste des Balkans, derrière les barreaux telle une vulgaire criminelle ? Fort de son expérience en tant que porte-parole du TPIY, elle a dévoilé dans un ouvrage, Paix et Châtiments publié en 2007, des documents confidentiels du tribunal qui montrent l’implication de la Serbie dans le génocide en Bosnie en 1995. Ses avocats ont plaidé le rôle de lanceur d’alertes pour la journaliste pour avoir révélé au public ces décisions confidentielles des juges.

Ce n’était pas la première fois qu’elle allait à La Haye

Les conditions de la détention de Florence Hartmann étaient « extrêmement drastiques » d’après Sophie Kepes, la responsable du comité de soutien à l’ancienne journaliste. « Elle est placée à l’isolement avec la lumière allumée 24h sur 24 et un guichet qui s’ouvre toutes les quinze minutes pour vérifier qu’elle ne s’est pas suicidée« , avait-t-elle raconté sur France Info. Des mesures qui apparaissaient disproportionnées pour le délit pour lequel elle purgeait sa peine. Mardi matin encore, son avocat assurait que le TPIY avait « refusé de modifier les conditions de sa détention ». Finalement, à la surprise générale, la cour a décidé de sa libération

Son comité de soutien demandait « la libération au plus vite de la journaliste » et dénonçait une détention « absurde » qualifiée de « perversion pure et simple« . Le quotidien Le Monde, par la voix de son directeur Jérôme Fenoglio, s’était « associé aux demandes de suspension de cette détention scandaleuse. » Cette décision était d’autant plus incompréhensible que ce n’était pas la première fois que l’ancienne correspondante du Monde se rendait à la Haye depuis sa condamnation. Alors pourquoi ce moment et pas avant ? Une question à laquelle Sophia Kepes ne trouvait pas de réponses : « Nous ne savons pas exactement pourquoi cet acharnement. Nous le trouvons extrêmement étrange« , déclarait-elle sur France Info.

Sa libération annoncée pour ce mardi n’est pas pour autant une fin en soi. Comme le rappelle la responsable du comité de soutien, la journaliste « n’est pas le genre de personne qui se tait. » D’ailleurs, elle le promet : « Elle (Florence Hartmann) ne va pas en rester là« . Affaire à suivre.

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply