Vous avez l’impression qu’ils tiennent le même discours en s’accusant pourtant de tous les maux ? Normal. Jean-Pierre Raffarin nous a livré ce matin un bel exemple de mauvaise foi politique à propos des « Molenbeek français » potentiels de Patrick Kanner.
Ils pensent tous la même chose mais trouvent quand même le moyen de se contredire. La séquence « Y a-t-il des Molenbeek potentiels en France », lancée par Patrick Kanner le 27 mars sur Europe 1, a ouvert un boulevard de mauvaise foi politique. Exemple ce mardi 29 mars avec Jean-Pierre Raffarin sur BFM et RMC.
L’ancien Premier ministre se lance : « On a un certain nombre de plateformes qui sont des menaces aujourd’hui, non pas parce qu’il y a un terrorisme organisé qui serait installé dans tous ces quartiers mais parce qu’il y a un certain nombre de quartiers où potentiellement… » Il est interrompu par cette question de Jean-Jacques Bourdin : « Il dit la vérité Patrick Kanner, non ?«
Ouh, piège ! Le risque : donner raison à un ministre socialiste ! Voici donc la réponse de Jean-Pierre Raffarin :
« Il ne dit pas la vérité car je ne pense pas qu’il y ait aujourd’hui une centaine de quartiers où il y a des plateformes organisées pour le terrorisme. Il y a des zones où le terrorisme pourrait se développer. Mais partout où il peut y avoir et concentration, et misère et trafic de drogue et un certain nombre d’argent clandestin qui circule, là il y a un certain nombre de menaces. Mais pour le moment, nous devons faire la différence entre des plateformes terroristes organisées (…) et ça. »
Hum. Patrick Kanner a-t-il dit qu’une centaine de « plateformes terroristes organisées » existait d’ores et déjà en France ? Absolument pas. Sur Europe 1 dimanche, il a au contraire pris les mêmes précautions langagières (« potentielles similitudes« …) que Raffarin en affirmant : « Il y a aujourd’hui une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qu’il s’est passé à Molenbeek. »
Lundi, dans une interview au Parisien, le discours de Kanner était encore plus semblable à celui de Raffarin :
« Il ne s’agit pas de stigmatiser. Ce sont des quartiers qui cumulent les difficultés en termes d’urbanisme, de chômage, de service public défaillant. Sur la centaine de quartiers concernés, certains présentent des ressemblances sur tel ou tel aspect avec Molenbeek : concentration extrême de problèmes sociaux, ultracommunautarisme, économie souterraine, abandon des services publics et des élus locaux malheureusement dépassés. Oui, il y a des risques, mais c’est parce qu’on agit qu’il n’y aura pas de Molenbeek en France. »
Au final, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes entre les deux responsables politiques au sujet des quartiers à risque, ou potentiels « Molenbeek français ». Mais qu’importe : en politique, l’impression de désaccord compte parfois plus que le désaccord réel.
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