Le conseil de Marc Trévidic à la Belgique : "N'imitez pas l'état d'urgence, c'est débile"

L’ancien juge d’instruction antiterroriste Marc Trévidic conseille vivement aux Belges, ce mardi 29 mars dans « Le Soir », de ne pas appliquer la solution brandie par la France après les attentats de novembre : l’état d’urgence. Il explique pourquoi.

« N’imitez pas l’état d’urgence, ça n’a pas de sens. C’est débile. » Tel est le cri lancé par l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic aux Belges ce mardi 29 mars dans le quotidien Le Soir. Celui qui a dû quitter ce poste en septembre 2015 charge la décision du gouvernement français d’instaurer et de prolonger l’état d’urgence après les attentats du 13 novembre :

« L’état d’urgence montre que la France a une tradition assez autoritaire, même si dans l’ensemble elle reste une démocratie. Sur l’aspect sécuritaire, les Français sont capables d’accepter tout et n’importe quoi. (…)

Les flopées de perquisitions administratives qui ne servent à rien, c’est très lourd, très dérogatoire à notre système, pour une efficacité très limitée. N’imitez pas ça ! Ça n’a pas de sens. C’est débile. Mais on ne peut pas le dire. Il faut que tout le monde soit d’accord. On a vécu cela aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001. »

« Une sorte de tribunal européen du terrorisme »

Marc Trévidic développe dans Le Soir en prenant pour un exemple « des jeunes qui sont tangents » : « Si vous défoncez leur porte à 4h du matin, que vous les assignez à résidence pendant trois mois, ce qui a pour conséquence que certains perdent leur boulot, expliquez-moi en quoi ils sont moins dangereux ensuite ? » Il ne s’agit pour lui que« d’attiser le feu avec de telles méthodes ».

L’ancien juge d’instruction antiterroriste propose comme stratégie de long terme de « créer une synergie totale entre renseignement et judiciaire de sorte que, par exemple, des juges autorisent des écoutes et qu’elles puissent dès lors faire office de preuve ». Il plaide également pour une coopération réelle entre la France et la Belgique qui « traitent finalement le même dossier » et qui se retrouvent avec Salah Abdeslam face à un cas concret : doit-il être extradé vers la France alors que les Belges en ont également besoin pour leur propre enquête ?

De façon encore plus globale, Trévidic imagine « une sorte de tribunal européen du terrorisme » qui, « à l’instar de la Cour pénale internationale pour les crimes de guerre », pourrait enquêter et juger ce « phénomène international ».

 

 

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