Après les attentats qui ont frappé Bruxelles le 22 mars au matin, ses habitants se sont plaints de l’activation tardive du « Safety Check » de Facebook, qui permet à ses utilisateurs de se déclarer en sécurité sur le réseau social. Le dispositif est surtout loin d’être déployé à chaque attaque terroriste. Le Mali et la Côte d’Ivoire en ont récemment été privés. Un traitement à géométrie variable que Facebook est encore bien en peine de justifier.
>> Cet article a été diffusé une première fois le 22 mars avant d’être mis à jour.
Ce mardi matin aux alentours de 8h, deux explosions ont retenti à l’aéroport Zaventem à Bruxelles. Plus tard, c’est à la station de métro Maalbeek, en plein cœur du quartier européen, qu’une autre explosion a eu lieu. Mais c’est seulement trois heures après ces attaques que Facebook a activé son « Safety Check », pour permettre aux Bruxellois de se déclarer en sécurité sur le réseau social.
Une mise en place bien trop tardive pour de nombreux habitants de la capitale belge. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à le faire savoir sur Twitter. Contactée par Marianne, l’agence chargée de la com’ de Facebook justifie ce délai par des raisons de sûreté : « On attend d’être sûr qu’une personne qui se déclare être en sécurité l’est vraiment. D’où un déclenchement tardif« . Autrement dit, Facebook attendrait que l’attentat soit vraisemblablement terminé pour déclencher son service. Une mise en place « pas du tout motivée par les réactions sur les réseaux sociaux« , assure-t-on.
Et sinon c’est à partir de combien de morts confirmés le #SafetyCheck @facebook ?
— Aliocha (@ali0cha) 22 mars 2016
Qu’attend @Facebook pour activer son #SafetyCheck en URGENCE ? Le réseau GSM à #Bruxelles est très saturé #Brussels
— Mourad (@InSide_Fr) 22 mars 2016
Bien connu des Français après les attentats du 13 novembre, ce dispositif, à l’origine créé pour les catastrophes naturelles, est surtout décrié, car sa mise en place par Facebook n’est pas systématique à chaque attaque terroriste. Lors des attentats du 13 novembre, le « Safety Check » a été utilisé pour la première fois pour une attaque terroriste, alors que la veille, le Liban connaissait la plus meurtrière de son histoire depuis 1990 (44 morts et plus de 230 blessés). Déjà à l’époque, les internautes avaient regretté que l’outil ne soit pas disponible pour les Libanais, dénonçant une différence de traitement entre les deux pays. Après ce flot de critiques, Mark Zuckerberg avait déclaré dans un post sur son réseau social que le « Safety Check » serait activé « pour plus de catastrophes humaines. »
Moins d’une semaine après les attaques à Paris et Saint-Denis, Facebook applique sa politique et active son fameux outil au Nigéria, après un attentat suicide revendiqué par Boko Haram et causant 32 morts. Pourtant, deux jours plus tard il n’en est rien lors de l’attaque de l’hôtel Radison Blu à Bamako au Mali où une vingtaine de personnes ont perdu la vie. Le dimanche 13 mars, la Turquie et la Côte d’Ivoire sont toutes les deux touchées par les terroristes, tuant respectivement 36 et 19 personnes. Pourtant, seuls les Turcs ont droit de se déclarer en sécurité via le Safety Check.
Face à ces traitements différenciés, Facebook est bien en peine de répondre. La com’ de l’entreprise américaine explique qu’il n’y a « pas de critères fixes qui permettent d’établir le Safety Check de manière automatique« . C’est « une évaluation au cas par cas« , précise-ton. Il y a un dialogue avec les équipes sur place qui remontent les infos pour savoir si c’est souhaitable de l’activer. » Des équipes visiblement pas toutes aussi sensibles à la question des attentats terroristes…
Deux jours plus tôt, deux attentats avaient eu lieu en Irak et au Yémen. Cette fois-ci, le « Safety Check » n’avait pas été activé. Le premier a eu lieu dans un petit village au sud de Bagdad. Pour le second, les cibles étaient des barrages de police.
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