Projet d'attentat déjoué : Reda Kriket, au coeur d'un énorme réseau de recrutement djihadiste

Le Français Reda Kriket arrêté jeudi soir à Argenteuil et suspecté d’avoir un projet d’attentat était l’homme chargé de la « ghanima », les vols et braquages alimentant la caisse de guerre des djihadistes. Et la Belgique le savait. Dès octobre 2013.

On se croirait en plein polar et l’histoire finit mal. Le 13 octobre 2013, un dénommé Logan Leborgne se confie à un agent sous couverture du Parquet fédéral belge, chargé de l’antiterrorisme. Leborgne se montre tracassé car « il se prépare à partir en Syrie et qu’il doit encore régler des choses ». Il confie à l’agent aux grandes oreilles qu’ils seront 14 du voyage et qu’il a besoin de 45.000 euros. Leborgne va alors se tourner vers « le Français ». Il s’agit de Reda Kriket, arrêté ce jeudi en région parisienne et dont la planque, perquisitionnée à Argenteuil, contenait des kalachnikovs et des explosifs.

La filière Zerkani

Leborgne est parti ensuite en Syrie et il a été condamné à 5 ans de prison en janvier dernier pour sa participation à un groupe terroriste. Ce Logan Leborgne est un converti bruxellois. Il est l’un des lieutenants de Khalid Zerkani, un Marocain incarcéré depuis février 2014 et considéré comme le plus grand recruteur de djihadistes à avoir foulé les terres royales de Belgique.

C’est dans son ombre imposante que se sont cachés Abdelhamid Abaaoud, Gelel Attar et Chakib Akrouh, suspects présumés des attentats de Paris. Ou encore de Najim Laachraoui, qui s’est fait sauter à l’aéroport de Bruxelles-National, ce mardi 22 mars. Avant d’être enfin stoppé dans ses basses œuvres, Zerkani était collé de près par les services belges, surtout à partir de juillet 2013. Zerkani et Kriket se connaissent bien.

Reda Kriket, le « financier »

Selon ce rapport établi par la taupe du parquet fédéral, la Belgique avait donc toutes les raisons de croire que Reda Kriket était l’un des « financiers » d’un énorme réseau de recrutement djihadiste. Et ce, bien avant les attentats de Paris et de Bruxelles. Logan Leborgne a ainsi expliqué à l’agent infiltrant que Kriket vivait de la « ghanima » (les vols et braquages qui alimente le trésor de guerre des djihadistes), autorisant à taxer les mécréants en période de guerre. « Il vit de cela. Il est braqueur à Paris. Et c’est encore ce qu’il fait », dit ce rapport qui embarrasse le ministre belge de la Justice, dont la démission a provisoirement été refusée par le Premier ministre Charles Michel.

Reda Kriket a été condamné à 10 ans de prison, en juillet 2015. Il n’était pas à son procès. Il serait parti en Syrie au second semestre 2014 avant de revenir clandestinement en France. On sait aujourd’hui pourquoi : il rassemblait des armes, de l’argent et préparait, sans doute, un nouvel attentat, déjoué jeudi à Argenteuil.

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