Salah Abdeslam et attentats de Bruxelles : concours de récup' dans les rangs socialistes

Tout est bon pour défendre la déchéance nationalité voulue par François Hollande en réaction aux attentats de Paris. Quitte à ce que certains socialistes flirtent ouvertement avec l’indécence.

Il y a la maladresse. Il y a l’indécence aussi. Depuis l’arrestation de Salah Abdeslam ce vendredi 18 mars, au Parti socialiste, on s’en donne à coeur joie dans la récupération politique pour défendre, encore et toujours, la déchéance de nationalité telle que François Hollande l’a souhaitée.

Car depuis le vote sur le projet de révision constitutionnelle à l’Assemblée nationale, les sénateurs se sont lancés à l’attaque de l’article 2 et ont réintroduit le principe d’une déchéance pour les seuls binationaux. On s’en souvient, pour tenter de pacifier les rangs socialistes, l’exécutif avait dû étendre la disposition sur la déchéance à tous les Français, au risque de créer des apatrides. C’était la seule condition pour espérer un vote des députés de la majorité. Le Sénat, en majorité de droite, ne s’est donc pas fait prier pour renvoyer le président à la case départ. Avec un article 2 qui ne vise que les binationaux, aucune chance que le texte, en l’état, n’aille jusqu’au Congrès de Versailles.

La nouvelle de l’arrestation de Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir participé aux attentats du 13 novembre, a donc été accueillie par certains socialistes comme un bon argument pour défendre la version de la révision constitutionnelle votée par les députés. Et pour cause : Salah Abdeslam n’est pas binational, il est Français. Seule la version des députés permettrait de le « punir » selon les voeux de François Hollande. « Je constate qu’aujourd’hui qu’ils [les sénateurs de droite, ndlr] sont dans la difficulté par rapport à cette arrestation et la nécessité d’avoir au bout la déchéance de nationalité », a argumenté le 21 mars le patron des socialistes, Jean-Christophe Cambadélis, sur Radio Classique et Paris Première. 

Déjà, peu après l’annonce de l’arrestation du terroriste présumé, Corinne Narassiguin, porte-parole du PS, s’était fendue d’un tweet pour défendre la déchéance pour tous : 

Alors que la droite au Sénat est revenue à la déchéance pour les seuls binationaux, rappelons que Salah Abdeslam est mononational français.

— Corinne Narassiguin (@CorinneNara) 18 mars 2016

Ce qui lui avait valu une réponse cinglante du député écolo, Sergio Coronado : « C’est consternant ton tweet ! » 

La droite, ne s’est pas non plus fait prier pour rabrouer le premier secrétaire du PS. A l’image du patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau : « Faut-il que le PS soit en grande difficulté pour se livrer à l’instrumentalisation de la mise hors d’état de nuire d’un dangereux criminel » ?, s’est-il agacé auprès de l’AFP. 

Ce type de récupération s’est poursuivi ce 22 mars après les attentats qui ont frappé Bruxelles.

Et la palme de l’indécence est cette fois à attribuer à Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l’Assemblée nationale. Alors que les premières informations commençaient à sortir sur les explosions entendues à l’aéroport bruxellois de Zaventem ce mardi 22 mars, Bruno Le Roux a cru bon d’en remettre une couche sur Twitter : « Attentats terroristes et protection de notre pays, la droite sénatoriale qui bloque la révision constitutionnelle est irresponsable ». Il a par la suite précisé que ce message avait été écrit alors qu’il n’avait « pas connaissance des attentats »… sans le retirer pour autant. 

Ce tweet n’a en tout cas pas plu, mais alors pas du tout, à Guillaume Balas, député socialiste européen, qui lui a répondu de manière très directe sur le réseau social : « Je suis bloqué à la gare du midi à Bruxelles, les belges sont sidérés, alors vraiment, tais-toi ». Arnaud Leroy, député socialiste proche de Arnaud Montebourg a, lui, jugé le message du président du groupe ridicule. 

Ridicule ou indécent ?

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