Retour sur une violente agression entre "gudards", dans la sphère du Front national

En octobre dernier, Logan Djian, le président du GUD, un syndicat étudiant d’extrême droite, dormait en prison. Il était en détention provisoire après avoir lourdement cogné Edouard Klein, son prédécesseur à la tête du mouvement. Cette sale affaire agitait le petit monde de la droite radicale. A commencer par Frédéric Chatillon et Axel Loustau, deux amis proches de Marine le Pen. Depuis, Logan Djian a vu sa détention levée pour une caution de 25 000 euros et Mediapart publie ce 21 mars des images de l’agression. Selon le site, des enquêteurs s’interrogent sur l’origine de cette somme, qui pourrait être liée à une société créée par le même Axel Loustau, par ailleurs conseiller régional frontiste. Nous republions à cette occasion l’enquête menée par « Marianne » à l’époque.

>> Cet article a été publié une première fois le 29 octobre 2015.
Ce 21 mars, Mediapart raconte par le menu l’attaque extrêmement violente et humiliante subie par l’ancien président du GUD, déshabillé et tabassé par ses acolytes cette nuit-là. Le site s’interroge sur le rôle d’Alex Loustau, proche de Marine Le Pen, désormais conseiller régional frontiste et responsable FN dans les Hauts-de-Seine, qui a pu aider Logan Djian, l’un des agresseurs, à payer sa caution de 25 000 euros en novembre dernier. Retour sur l’affaire.

Généralement, lorsqu’un militant d’extrême droite est ennuyé par la justice, réseaux sociaux et sites amis se mobilisent. Pas cette fois. Alors que Logan Djian, le président du Groupe union défense (GUD), un syndicat étudiant d’extrême droite réputé pour ses actions violentes, dort en prison, pas une page de soutien n’a été créée. Dans la grande famille de la droite radicale, personne ne souhaite voir cette affaire s’ébruiter. Et pour cause. Selon nos informations Logan Djian, dit le « Duce », est en cabane pour avoir lourdement cogné un camarade au domicile de ce dernier, le 9 octobre. L’affaire pourrait n’être qu’une énième histoire de baston entre militants nationalistes. Sauf que cette fois, elle implique deux personnalités connues des milieux d’extrême droite qui gravitent autour du Front national et de sa branche jeune, le FNJ. Celui qui a pris les coups avant de finir à l’hôpital et de porter plainte n’est autre qu’Edouard Klein, l’ancien président du GUD à Paris…

Ancien étudiant de la faculté de droit d’Assas, c’est lui qui a redonné vie au syndicat en 2010, après des années d’absence. Fils de Patrick Klein, un ancien et influent « rat noir », ainsi que se dénomment les « gudards », Edouard est sympathisant FN. Voire plus : il a été un temps encarté au FNJ, où il est connu de tous. Une photo prise lors de la soirée des 40 ans du FN, en 2012, atteste des liens étroits qui existent entre la victime des coups portés par le « Duce » et d’anciens ou actuels cadres frontistes. Sur ce cliché, on le voit en tenue de gala aux côtés de la députée du Vaucluse, Marion Maréchal Le Pen, et de l’ancien président du FNJ, Julien Rochedy.

Edouard Klein (en bas à droite) en compagnie de Julien Rochedy (au centre avec le noeud papillon) et Marion Maréchal le Pen (au fond) – Reflexes.

Logan Djian, lui, n’est pas du genre à porter le costume-cravate. Crâne rasé et tatouage représentant le blason de la division SS Charlemagne sur le bras gauche, il colle mieux que son prédecesseur à l’image du « gudard » tendance identitariste.

Ancien hooligan passé par l’Œuvre française et les Jeunesses nationalistes (aujourd’hui dissoute), il a pris la succession de Klein à la tête de l’organisation qui n’a plus d’étudiante que le nom (comme beaucoup de ses ouailles, Djian n’est pas étudiant). Le chef du GUD s’est récemment fait remarquer avec une poignée de militants devant l’Hôtel de Ville de Paris où on les a vus déployer une banderole « Français d’abord, clandestins dehors ! ». Passionné de castagne et groupie de Marion Maréchal le Pen, Djian est aussi gérant depuis deux ans d’un bar dans le XVe arrondissement de Paris, le Crabe-tambour. Un lieu où se retrouve toute la fine fleur de la scène nationaliste parisienne. Mais pas que. Le 18 juin dernier, le député européen FN pour le Sud-Est, Bruno Gollnisch, a répondu présent à l’invitation de Djian pour y participer à un  « apéro-débat ». 

Bruno Gollnisch et Logan Djian (au centre), au Crabe-tambour – Capture d’écran Facebook

Logan Djian est également connu pour être un poulain de deux vieux amis de Marine le Pen et ancien meneurs du GUD dans les années 1990 : Frédéric Chatillon et Axel Loustau. Les compères, tout deux mis en examen dans l’affaire du financement des campagnes FN, ont la réputation de suivre de près la « carrière » des petits jeunes qui évoluent dans leur sillage. Voire de leur donner un coup de pouce professionnel en les faisant travailler dans leurs boîtes respectives (Riwal pour Frédéric Chatillon et Vendôme sécurité pour Axel Loustau). C’est ainsi que Logan Djian a travaillé pour « Vendôme ». Qui, rappelons-le, est aussi un prestataire du FN chargé de la sécurité, comme on l’a vu lors de l’université d’été du parti début septembre, à Marseille.

D’après les témoignages de plusieurs personnes évoluant dans le milieu nationaliste, les deux hommes seraient « furax » d’avoir à gérer cette sale affaire. En particulier l’ancien employeur de Djian, Axel Loustau. Trésorier du microparti de Marine le Pen – d’où sa mise en examen – Loustau a récemment été investi candidat FN dans les Hauts-de-Seine pour les élections régionales du mois prochain [il est devenu conseiller régional depuis la publication de notre article, ndlr]… Autant dire qu’il a autre chose à faire que se traîner un tel boulet.

 

Depuis, un autre membre du GUD présent lors de l’agression de Fabien Klein, Loïk Le Priol, s’est fait remarquer pour… sa ligne de fringues, « Batbou solide ». Selon les neufs vidéos visionnées par Mediapart, Loïk Le Priol est celui qui filme la scène et les coups. Il n’en donne pas mais les encourage violemment à cris de : «  T’es qu’une merde ! […] C’est toi l’idole du fascisme ? C’est toi le patron du GUD ? Mais t’es personne regarde-toi ! Allez lève-toi, assume pour une fois ! Porte tes couilles ! […] T’es un putain de Français, vas-y assume ! […] T‘oses même pas te lever. […] Le peu de Français que t’avais en toi tu l’as même pas porté tes couilles. » Selon nos informations, Loïk Le Priol, qui préfère désormais mettre en avant son statut « d’entrepreneur » plutôt que de gudard, est mis en examen pour des faits de violences commises en réunion, avec préméditation et usage d’une arme. 

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