Si l’attention médiatique se concentre sur les camps de réfugiés, la plupart d’entre eux sont en réalité regroupés dans les villes de pays en développement. Il est grand temps que les politiques publiques et le système humanitaire dans son ensemble se réforment, pour mieux prendre en charge les réfugiés urbains et faire du modèle des camps une exception, et non la règle.
Milad est Afghan, et vit dans une pauvreté extrême. Il a fui son pays en 2010 pour éviter la persécution et a fini par s’installer à Kuala Lumpur, en Malaisie, pour retrouver sécurité et dignité. Tout ce qu’il y a trouvé, c’est davantage de discrimination. Il n’a pas accès à la santé, vit dans un bidonville, est souvent arrêté par la police et détenu pour des période prolongées en raison de son statut de réfugié. Il ne reçoit aucune forme de soutien humanitaire. Avant d’arriver en Malaisie, Milad s’est bien arrêté un certain temps dans un camp de réfugiés, mais il s’en est vite échappé parce que c’était trop dangereux, insalubre et surpeuplé, qu’il n’avait aucune perspective de reconstruction personnelle et qu’il était complètement dépendant de l’aide humanitaire.
Le cas de Milad n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du drame que vivent les millions de réfugiés urbains dans les régions en développement (Afrique, Moyen Orient, Asie et Amérique Latine). Mais cette réalité continue d’être occultée dans le traitement médiatique et politique de la crise actuelle. L’attention continue de se porter principalement sur l’Europe, où seule une infime minorité des réfugiés se trouve, et sur les camps de réfugiés dans les pays développement, où seuls un tiers des réfugiés vivent.
58% des réfugiés dans le monde vivent en milieu urbain.
Contrairement aux images trop souvent véhiculées, la plupart des réfugiés ne vivent pas dans les camps mis en place et gérés par les organisations humanitaires dans ces pays, mais dans les villes. A l’heure actuelle, 58% des réfugiés dans le monde vivent en milieu urbain. La crise syrienne ne fait pas exception : en Jordanie, 86% des réfugiés Syriens vivent dans les villes, en dehors des camps gérés par les Nations Unies. Ce chiffre monte à 90% dans le cas de la Turquie. Les raisons d’un tel phénomène sont faciles à comprendre : les camps n’offrent aucune perspective de retour à la normale ou de reconstruction personnelle, au-delà d’être insalubres et peu sécurisés.
Le Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies (UNHCR) a promulgué une politique d’alternative aux camps en 2014, reconnaissant par là même que le modèle du camp est dépassé et ne correspond en rien aux besoins et réalités de ces vies en exil. C’est pourtant encore et toujours ce modèle qui domine les politiques de gestion des crises de réfugiés, et avec elles l’actualité. Il n’y a qu’à voir le récent accord UE – Turquie, qui conditionne les relocalisations vers l’Europe à la présence des réfugiés… dans les camps.
Les conséquences de cette attention accrue portée sur les camps au détriment des villes sont majeures. Un grand nombre de pays en développement, où vivent 86% des réfugiés dans le monde, n’ont pas signé la Convention de 1951 relative au Statut des Réfugiés. Dans l’impossibilité d’obtenir un statut légal et ne bénéficiant plus de l’aide humanitaire, les réfugiés urbains vivent dans une précarité souvent insoutenable. La peur d’être arrêté et mis en détention est constante ; ils n’ont pas le droit au travail, à l’éducation ni à la santé ; ils sont alors une proie facile pour les réseaux criminels locaux.
URBAN REFUGEES aide les groupes de réfugiés à se structurer.
Cette situation pousse les réfugiés urbains à créer des groupes d’entraide afin de pallier le manque de soutien de la communauté internationale. Ces groupes, plus ou moins formels, existent un peu partout dans les pays en développement. Gérés par les réfugiés eux même, ils tentent d’améliorer avec leurs maigres moyens la vie des membres de leur communauté à travers des activités telles que l’éducation pour les enfants, des cours de langue ou encore du soutien psychologique.
A URBAN REFUGEES, notre action sur le terrain vise précisément à renforcer ces groupes d’entraide de réfugiés afin de leur permettre de mieux se structurer, de se financer, d’attirer l’attention médiatique sur leur sort et de faire entendre leur voix et respecter leurs droits auprès des gouvernements et de l’UNHCR.
Face à la présence grandissante des réfugiés dans les villes, il est grand temps que les politiques publiques et le système humanitaire dans son ensemble se réforment, pour mieux prendre en charge les réfugiés urbains et faire du modèle des camps une exception, et non la règle.
Pour aider URBAN REFUGEES à oeuvrer en ce sens, c’est par ici.
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