André Bonnet, portrait de l'homme qui veut bouter le sexe hors du cinéma

L’avocat et fondateur de l’association « Promouvoir », ancien militant d’extrême droite qui prône la « défense des valeurs judéo-chrétiennes », traque la pornographie cachée dans les salles obscures. Cet infatigable procédurier est devenu, en quinze ans, la bête noire du cinéma français. Un portrait réalisé par Hubert Prolongeau, à retrouver dans « Marianne » cette semaine. Extrait.

« Ce combat m’oblige à m’exposer régulièrement à des choses qui me révulsent. » André Bonnet est un homme profondément choqué. Lorsqu’il va voir le film Bang Gang le 14 janvier dernier au cinéma, c’est dans le but d’en interdire le visa d’exploitation, comme il a déjà pu le faire pour La Vie d’Adèle ou Antichrist dernièrement. Ce censeur du cinéma est l’avocat de l’association « Promouvoir », qu’il a lui même fondée en 1996. Et dans son combat, il en apprend de belles, confessant ainsi qu’il y a huit jours en core, il ignorait ce qu’était un « gang bang », et qu’il tente toujours d’épargner ses chastes yeux :

« J’essaie de rester loin de tout cela, qui pollue ma vision de l’amour. »

Contre Bang gang, il bataillera, n’hésitant pas dans son mémoire en référé du 21 janvier à prédire que, si de tels films sont autorisés aux moins de 12 ans, ce seront bientôt la zoophilie et l’inceste qui seront prônés…

C’est « horrifié » par une pornographie grandissante qu’André Bonnet a créé Promouvoir en 96. Une cellule de veille de six à huit membres le prévient lorsqu’un film peut mériter de mener bataille. Bonnet va voir les films puis, le cas échéant, lance une action, service qu’il facture 40% de son prix à l’association. Promouvoir veut défendre les valeurs « judéo-chrétiennes« , soit pour lui « des valeurs de charité et de fidélité conjugale« . Lui-même est un fidèle du rite en latin dans une paroisse où il joue de la flûte et où sa femme s’occupe de la chorale. 

Politiquement, il côtoie rapidement l’extrême droite et bouge beaucoup : le Centre national des indépendants (CNI), le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers, le Front national à partir de 1997, puis le MNR de Bruno Mégret jusqu’en 2001. Depuis, il assure ne plus être militant d’aucun parti politique. Tout de même : sous le pseudonyme de Patrice André, il a milité contre le mariage pour tous. 

André Bonnet n’a pas honte de son action, au contraire. Il voit cependant bien l’ironie dans l’oeil de la presse. « Etre attaqué, ce n’est jamais anodin, dit-il avant de se raidir. Mais le chrétien est rejeté comme a été rejeté le Christ. Et l’Evangile dit : mon fardeau est léger. » Amen.

 

>>> Retrouvez l’intégralité de ce portrait dans le numéro de Marianne en kiosques.

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