Dans l’émission ONPC sur France 2 ce samedi 19 mars, Bruno Le Maire a défendu avec passion le non-cumul des mandats, insistant sur le fait qu’il est le seul à le proposer à droite. Sauf quand il s’agit de passer des paroles au vote…
Vous pouvez écouter tous les candidats à la primaire de la droite, vous ne trouverez pas plus remonté pour défendre le non-cumul des mandats. Héraut auto-proclamé du renouveau, Bruno Le Maire le défend mordicus, à longueur d’interview, sur tous les plateaux, faisant de son cas personnel une preuve par l’exemple, qu’il répète ad nauseam : non seulement lui-même ne cumule pas, mais il a été jusqu’à démissionner de la fonction publique, quand rien ne l’y obligeait.
Ce samedi 19 mars dans l’émission “On n’est pas couché” (ONPC) sur France 2, Bruno Le Maire a fait de cet élément de son programme l’exemple même de la différence qu’il prétend incarner par rapport à ses concurrents dans la course à la primaire. Quand Léa Salamé lui demande ce que lui apporte de nouveau, voici en effet ce qu’il répond :
“Une de mes singularités, c’est d’avoir dit ‘ça ne sert à rien de demander aux Français de changer si nous, nous ne changeons pas’. Mon point de départ, je suis le seul à le défendre, aucun autre concurrent à droite ne veut que les hommes politiques ne changent : le non-cumul des mandats (…) personne d’autre ne le propose à droite (…) Nicolas Sarkozy veut rétablir le cumul des mandats, je suis opposé au rétablissement du cumul des mandats…”
C’est beau comme du Bruno. Sauf que ce qu’oublie de préciser Le Maire, c’est que sa position est bien théorique… Quand il a eu l’occasion, en tant que député, de “changer les choses”, il s’est plutôt appliqué cette maxime : “courage, fuyons”. En effet, lorsque le gouvernement socialiste a fait voter, le 22 janvier 2014, sa loi interdisant le cumul des fonctions exécutives locales avec le mandat de représentant au Parlement européen, devinez qui a voté contre ? Bruno Le Maire, comme le prouve le compte-rendu de l’Assemblée nationale. Même chose avec la loi interdisant le cumul des fonctions exécutives locales avec certains mandats.
Alors, Bruno Le Maire a-t-il changé d’avis ? Que nenni : à l’époque, déjà, il prônait publiquement le non-cumul. Mais il refusait pour autant de voter le projet de loi socialiste, comme il s’en était expliqué dès le 5 juillet sur son blog. Un post qui a opportunément disparu depuis du site, devenu arme de campagne, mais dont Rue89 avait soigneusement mis de côté ces extraits :
« Certains pourront regretter que je ne soutienne pas le projet du gouvernement, au prétexte qu’il ferait avancer, malgré tout, les choses. C’est faux. Au contraire, le gouvernement a choisi les petits accommodements et le rafistolage (…) Je fais partie de l’opposition. Ce qui pour moi veut dire proposer bien sûr. Ce que je fais. Mais aussi et surtout, je ne veux pas faire le jeu de la confusion des partis qui nourrit le discours des extrêmes. Non, l’UMP et le PS, ce n’est pas la même chose. »
Bruno Le Maire aurait donc voté contre une proposition qu’il soutenait pour ne pas entretenir la confusion entre l’UMP et le PS. Une belle discipline de groupe, qu’il aurait pu s’épargner, à l’image par exemple d’un député qui aujourd’hui le soutient : Thierry Solère, qui lui avait voté pour le non-cumul des mandats.
Il faut dire que dans la série « je suis pour mais je ne vote pas », Bruno Le Maire est un récidiviste. Lui qui, depuis 2014, s’affirme haut et fort comme étant l’un des seuls à droite à ne pas vouloir revenir sur la loi Taubira autorisant le mariage pour tous, s’était pourtant… abstenu le jour du vote. Interrogé sur ce point par Léa Salamé dans ONPC, il se jusitife :
« Parce que dans la loi Taubira, il y avait le mariage homosexuel, il y avait aussi un certain nombre de dispositions qui ouvraient la voie à des choses auxquelles je suis totalement opposé, notamment la PMA pour les couples homosexuels et la GPA. »
Inutile de rappeler que ni la PMA, ni la GPA n’ont jamais figué dans la loi Taubira. Et Bruno Le Maire le sait pertinemment puisque lui-même, aujourd’hui, ne veut pas l’abroger. Et le candidat de conclure : « Je tiens toujours bon sur mes convictions« . CQFD.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments