L’écrivain à succès, Edouard Louis, 23 ans, était assigné ce vendredi 17 mars au civil, devant la 17e chambre du TGI de Paris, par son violeur présumé, pour atteinte à la présomption d’innocence et à la vie privée. Ce dernier croit s’être reconnu dans le dernier livre de l’auteur, « Histoire de la violence », et pense avoir été arrêté à cause de cette description…
Un roman peut-il constituer une pièce à conviction ? La question était posée ce vendredi 18 mars devant la 17e chambre du Tribunal de Grande instance de Paris. Riadh B., y assignait au civil, l’écrivain à succès de 23 ans, Eddy Bellegueule, alias Edouard Louis, pour atteinte à la présomption d’innocence et à la vie privée.
En cause, le dernier roman du jeune homme, Histoire de la violence, publié aux éditions du Seuil, dans lequel l’auteur évoque le viol qu’il a subi, à son domicile, en 2012, par un « trentenaire » de petite « taille » rencontré quelques heures plus tôt Place de la République à Paris : un certain « Reda ». Or, quatre jours après la parution du livre, en janvier dernier, « Reda », est arrêté et incarcéré, officiellement pour trafic de stupéfiants. Ses empreintes le confondent en le reliant à la plainte pour viol d’Edouard Louis. Il s’agirait donc de Riadh B. qui a cru se reconnaître dans le récit du jeune écrivain. Est-il pour autant identifiable grâce uniquement à cette description littéraire ?
C’est ce que va sembler penser la juge des libertés qui le maintiendra en détention provisoire, arguant la parution du livre est une circonstance aggravante justifiant le placement en détention.
Ce 18 mars, pour Me Emmanuel Pierrat, l’avocat d’Edouard Louis, il est « grotesque« de prétendre que c’est la description de Reda qui a permis d’identifier le présumé violeur Riadh B. Et de poursuivre : « C’est l’ADN qui a permis de le retrouver, pas le roman« .
Ce que conteste à son tour l’intéressé. Pour lui, et trois de ses proches, dont son actuel petit ami, interrogé par l’Obs, Reda/ Riadh est reconnaissable dès « les premières lignes« en raison de « son nom, mais aussi sa description physique, sa façon de parler, son orientation sexuelle » ou encore « le quartier où il traine« . Les deux hommes sont persuadés que l’arrestation initiale a été faite sur la base du roman.
L’audience vire pourtant rapidement « au gag » selon le Monde, voire à la « farce », renchérit le Figaro, en raison notamment du fait que Riadh B. connu sous différentes identités, se présentait encore, au moment de son incarcération, comme « Reda Mazoud. » « Qui est votre client ? » demande alors le président, Alain Bourla, aux avocats de Riadh B. Il faut dire que, comme le raconte Marianne en kiosques cette semaine, l’un d’entre eux s’était même trompé d’identité au moment d’envoyer le référé à l’éditeur d’Edouard Louis.
#Edouard Louis, le débat vire au gag: comment juger l’atteinte à la vie privée et à l’innocence de quelqu’un qui se dissimule sous 4 alias?
— pascale robert-diard (@robert_diard) 18 mars 2016
Reda/ Riadh demande toutefois 50 000 euros de dommages et intérêts et l’inclusion d’un encart dans les exemplaires du roman déjà publiés.
Délibéré le 15 avril prochain.
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